Cérémonie funéraire Colonel Fauvell Champion

3 octobre 2022

Le 3 octobre nous avons accompagné le Colonel Fauvel Champion pour son dernier voyage dans le village de Gervans qu'il aimait tant. 

Le Général de Corps d'Armée Mazars de Mazarin a prononcé l'Hommage suivant:

Mesdames et messieurs, chers camarades Légionnaires,

Il me revient le très grand honneur de prononcer quelques paroles à l'attention de notre camarade et ami, le Colonel Vincent FAUVELL CHAMPION qui vient de nous quitter et que ses camarades légionnaires et moi même entourons de notre estime et de notre profond respect.

En tout premier lieu, je voudrais exprimer mes plus sincères condoléances à sa famille ainsi que ma profonde tritsesse d'avoir perdu un ami avec lequel nous avions souvent de longues et agréables discussions, notamment sur l'avenir de notre pays et le rôle de nos armées.

Je vais à présent rapeller quel fut son parcours d'exception en tant que militaire et en tant qu'homme de bien qu'il fut toute sa vie.

Le Colonel Fauvell Champion est né à Paris en 1927. Toute sa vie ssra fortement imprégnée du souvenir de ses proches parents qui se distinguèrent au fil de l'histoire; tout d'abord au cours de la grande guerre, son père, héros de Verdun auquel, me disait il, il devait tout, ensuite son oncle héros de la bataille de la Somme et ensuite son frère tué au combat et qui repose depuis juin 1940 au cimétière de Saint Quentin et enfin son petit beau frère, fusillé par les Allemands à 18 ans en Bretagne.Ce rappel était nécessaire pour comprendre quelle fut la belle carrière du Colonel Fauvell Champion.

Après avoir fait des études supérieures de Lettres, il est appelé comme sursitaire au service armé en 1950 et sert au Maroc. Remarqué pour ses nombreuses qualités, il est admis à l'Ecole militaire de Cherchell en Algérie, où étaient formés les Aspirants. A sa sortie, il est nommé sous lieutenant de réserve en avril 1951. C'est à ce moment où sa carrière va vraiment commencer. Volontaire initialement pour servir en Indochine, il est finalement désigné pour partir en Corée en octobre 1951 où il;rejoint les 3500 hommes du légendaire Bataillon Français de Corée au sein de l'ONU qui combat avec les alliés contre l'invasion de la Corée du Sud dès juin 1950, par la Corée du Nord communiste, soutenue par la Chine et l'Union Soviétique. C'est encore aujourd'hui un conflit mal connu et au cours duquel 269 soldats francais tombèrent pour leur pays.

Dès son arrivée en Corée, le sous lieutenant Fauvell Champion va se révéler un brillant chef de secttion. Il va particper aux combats les plus meurtriers aux cotés des Américains et des Sud Coréens dans des conditions climatiques épouventables. Il sera bléssé à 2 reprises. Son courage exemplaire, son esprit d'initiative et ses actes de bravoure lui vaudront l'attribution de 3 citations dont 2 à l'ordre du Corps d'Armée et un à l'ordre de l'Armée, avec la Croix de Guerre des théatres d'opérations extérieures avec palme. Il recevra également de nombreuses décorations américaines et la Silver Star Coréenne. Je dois ajouter qu'il me parlait souvent de cette période. Il retournait souvent en Corée notamment en novembre 2016 à Busan, à l'invitation du ministre des Anciens combattants où les vétérans de toutes les nations participantes étaient réunis autours d'une cérémonie du souvenir inoubliable pour lui.

Après la Corée en juillet 1953, il rentre en France, c'est l'Algérie qui l'attend. Entre temps, il est promu lieutenant dans l'Armée d'active. Il recevra la croix de chevalier de la Légion d'Honneur en avril 1956, décernée pour services exceptionnels rendus en Extrème Orient, ce qui était rarissime à l'époque pour un lieutenant.

Dans le Constantinois, en décembre 1956;, il prend le commandement d'une compagnie de combat au sein du 3 bataillon de Zouaves. En raison de son brillant comportement en opérations, il recevra sa 4° citation et la croix de la valeur militaire.

En 1960, il rentre en France et réussit le concours de l'Ecole d'Etat Major. Promu Capitaine en 1961, il sert à nouveau en Algérie au sein de l'Etat major de l'Armée de Terre à Alger.

A la fin du conflit algérien, le Capitaire Fauvell Champion changera d'orientation et servira dans les services de renseignement Francais. Entre temps, il sera promu successivement Commandant puis Lieutenant Colonel et en 1979 la Croix d'Officier de la Légion d'Honneur lui sera attribuée.

Sa carrière militaire prend fin à ce moment là mais celle de l'homme d'action aimant les responsabilités commence, notamment dès 1980 dans le bénévolat au sein de la Société des Membres de la Legion d'Honneur, tout d'abord à Tain l'Hermitage, où il;sera président du comité Drôme Nord Tain de 1988 à 2006. En 1988, il est promu colonel honoraire. Le 17 mars 2006, faisnant fi de ses 79 ans, il acepte à la demande générale de prendre la Présidence de la Section dromoise de la Legion d'Honneur et ce jusqu'en 2009, période pendant laquelle tous les membres de la Section apprécieront sa compétence, son éfficacité dans le fonctionnement de la section ainsi que l'excellence des relations qu'il a su établir entre les légionnaires grâce à sa capacité d'ecoute.

Son engagement dans la société civile ira bien au delà de la seule Legion d'Honneur puisqu'il aura ete pendant 8 ans vice président de l'Association nationale des forces francaises de l'ONU et représentant francais du conseil des 26 pays ayant combattu en Corée.

Enfin le 8 juillet 2009, j'ai eu personnellement le grand honneur et l'immense fierté de lui remettre au nom du Président de la République la Croix de Commandeur de la Legion d'Honneur Cette juste et prestigieuse récompense; à la hauteur des ses mérites, reconnaissait ainsi les brillants services rendus et l'exemplarité d'une vie tant dans son parcours militaire que dans son engagement désintéressé dans la société civile ainsi que son dévouement sans bornes au service de la France.

Mesdames et messieurs, nous venons de perdre un grand soldat mais aussi un homme de bien, au service de tous.

Mon cher Colonel, dont j'ai si souvent apprécié la richesse de vos connaissanxes, le bon sens en chaque chose et la bienveillance naturelle, je vous dis adieu et un grand merci au nom de nous tous. Nous regrettons déjà votre absence, mais soyez assuré que votre souvenir restera intact et gravé à jamais dans le couer de ceux qui vous ont connu et apprécié.

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Le Président de l’ANAFF ONU COREE a pris ensuite la parole pour le témoignage suivant :

Hommage au Colonel Vincent FAUVELL CHAMPION

« A vous ses enfants, ses petits-enfants, ses arrière-petits-enfants, sa famille et ses amis »

C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le départ vers Dieu de votre père, figure légendaire du Bataillon Français en Corée et naturellement, de notre association. Roger Quintard, secrétaire Général et moi-même sommes les porteurs du salut fraternel et attristé des anciens du Bataillon français en Corée, ses frères d’armes.

Roger Quintard, fils d’un ancien du Bataillon, porte aujourd’hui le drapeau du Bataillon.

Ensemble, ils ont écrit de novembre 1950 à juillet 1953 sur les Pitons Coréens les pages d’une glorieuse histoire militaire digne de la valeur du soldat français dans toute son histoire…

Lui et les 3420 autres volontaires sont partis se battre sur une terre lointaine, souvent inconnue, pour défendre la Liberté, dans le dernier grand conflit de haute intensité du 20e siècle.

Engagés 14 fois dans des batailles frontales soit en mouvement soit en position, le Bataillon s’est illustré avec un sens de l’engagement, du savoir-faire, d’un esprit de cohésion et de combativité remarquable et remarqués par des Coréens et les alliés dont les Américains.

Ils ont su s’adapter à des conditions exécrables : guerre de pitons, températures de froid pouvant descendre jusqu’à moins 30°,40°…ou moussons destructrices, pitons et routes recouvertes de glace, vents violents, infrastructures inexistantes ou détruites, murs d’artillerie, attaques de nuit, les armes gelées, masses chinoises, fanatisme, corps à corps, les parapets des tranchées faits avec les corps ennemis, les blessés, les copains morts, les disparus…

Tout cela, le sous-lieutenant Vincent Fauvell Champion l’a vécu d’avril 1952 à juillet 1953. Arrivé avec le DR8, à 25 ans, il a pris en pleine face ce violent conflit. Comme tous ses frères d’armes, il na faillira pas et a entrainé au combat ses hommes à plusieurs reprises avec entrain, courage, résolution, intelligence et calme.

Responsable de la section d’appui de la 2ème Compagnie, celle-ci formée par le ROK, les soldats Coréens, il sera , entre autres des terribles combats de position du T-Bone en juillet 52, d’Arrow-Head en Octobre 52, du Son Kok en février 53 et du Chunga San en avril 53.. ses trois citations personnelles au titre de l’Armée, du Corps d’Armée et du Régiment où il est explicitement rapporté son comportement au feu, les corps à corps, blessé au combat et combat sans se faire évacuer, le maintien au feu de sa compagnie ayant perdu son commandant, déplace sa section prise sous le feu ennemi pour la reconstituer et contre attaquer… témoignent s’il en faut quel soldat et chef il était.

Ses citations personnelles en Corée sont à ajouter aux trois citations Présidentielles Américaines, deux citations présidentielles Coréennes et les quatre citations à l’ordre de l’Armée française obtenues en Corée par le Bataillon.

C’était un grand soldat qui a su faire son devoir avec droiture, abnégation et humanisme. Il est devenu une grande et belle figure du Bataillon Français de Corée et nous pouvons aisément comprendre avec un tel comportement au feu pourquoi ses soldats le suivaient avec confiance et volonté.

Le prestigieux Général Montclar disait des volontaires qu’il commandait en Corée qu’ils avaient fait Verdun !

Lors de sa brillante carrière militaire vécue sur de nombreux théâtres d’opérations ou de missions, le colonel Fauvell Champion a apporté et enseigné à tous ceux qui ont eu l’honneur de le côtoyer et j’imagine à ceux qu’il commandait, ce qu’il avait appris sur les pitons Coréens : dynamisme, sens de l’engagement, comportement exemplaire, esprit d’initiative, le tout avec un regard rempli d’humanité. !

Je garderai un grand souvenir, à titre personnel, notre première rencontre en terre Coréenne sur les Pitons sur lesquels il s’était bien battu et illustré avec ses frères d’armes Français et Coréens. Il m’avait longuement parlé de la guerre de Corée, dz sa part personnelle dans ce conflit, ce qu’il avait vécu, ses compagnons d’Armes, les soldats Rok…

Vincent en parlait avec beaucoup d’humilité et de fierté car il savait bien que la Grande Histoire est faite de la somme des « petites » histoires des hommes, des soldats…

Et il avait bien raison de rappeler la décision certes anachronique et de « désobéissance » qu’il a prise en détournant quelques instants, lors de la bataille d’Arrow Head , les canons de sa compagnie d’appui pour casser les vagues chinoises sur le front d’à coté qui submergeaient les Coréens sur le White Horse… leur permettant de se regrouper, contre attaquer et de repousser l’ennemi.

C’était il y a 70 ans quasiment jour pour jour, lors de l’attaque d’Arrow Head… près de 25 000 obus chinois sont tombés sur la position française pour tenter de percer le front et de reprendre Seoul !

Cela lui a valu les remontrances officielles de son chef de corps et ensuite des félicitations officieuses.

Le Président Coréen ne s’y est pas trompé qui lui a décerné la prestigieuse et rare Wharang, la Silver Star Coréenne.

Pétri dans les valeurs de la République par sa famille, il avait appris le sens des mots Liberté, Egalité et Fraternité : il en connaissait le cout.

Il a su tout au long de sa vie, en Corée ou ailleurs, servir cette devise universelle !

Soyez fiers de lui comme nous le sommes en sein de l’Anaff-Onu Corée … Il a été l’un des 3421 volontaires français du Bataillon et comme chacun d’eux, il était unique et …était le bataillon

Merci Colonel Fauvell Champion, Merci Vincent pour votre exemplarité constante et Honneur à vous !

Adieu mon Ami !

Patrick BEAUDOIN

Président de l’ANAFF ONU COREE

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