Décès de Monsieur Albert Bobichon

11 décembre 2018

C'est le 12 Décembre 2018 que s'est déroulée la cérémonie d'adieu à notre ami, Albert BOBICHON, décédé le 9 décenbre 2018 à l'âge de 92 ans.

Etaient présents à cette cérémonie, notre Président, le Général Alain ROCHE, Mme Monique MARTINEU, le Dr André ALLAND et le Colonel Gilles MICHEL.

C'est monsieur Daniel CUOQ, Président de la Fédération des Unités FFi de la Drôme et de la Mémoire de la Résistance qui a retracé la parcours de notre ami, et vous trouverez ci-dessous le texte de son allocution.

"La Fédération des Unités FFI de la Drôme et de la Mémoire de la Résistance est en deuil.

Notre Compagnon Albert BOBICHON vient de nous quitter à l’âge de 92ème ans.

La présence de la délégation des FFI reflète toute l’amitié fraternelle qu’il mérite. Les drapeaux tricolores traduisent la reconnaissance de la Nation qui sera exprimée, dans un court instant, par le Général Alain Roche, Président du Comité de la Légion d’Honneur de Montélimar.

Avant d’écouter le témoignage de son fidèle Ami Jean Béolet, lui aussi Ancien Résistant, je voudrais, devant sa famille, ses Compagnons et ses Amis, évoquer la bravoure de cet homme, d’abord au sein de la Résistance pour chasser l’occupant nazi suivi de son engagement à défendre les valeurs qui étaient les siennes au service de la France.  

 

Au printemps 1944, le jeune Albert BOBICHON, se trouve au centre de formation professionnel de Bourg de Péage. Il se plaint des exactions commises par l’ennemi et la perte des libertés imposée par l’occupant. Un des responsables de l’école lui fait savoir qu’il peut l’aider à rejoindre un maquis du Vercors.  

Contribuer à libérer son pays écrasé sous le joug nazi est sa première motivation. Il est convaincu qu’il faut résister comme le déclare le général de Gaulle et puis parce que « les allemands s’approprient tout. D’ailleurs il est en colère de ne plus trouver de pneus pour réparer son vélo » !  

Son idée de rejoindre TOULON pour s’engager dans l’école des mousses-mécaniciens était « tombée à l’eau » comme il aimait le dire, car la flotte s’était sabordée en novembre 1942.

Son professeur  du centre de formation le renseigne ; après une attente de quelques jours dans un hôtel à ROMANS, Albert BOBICHON est invité à monter dans un vieux camion gazogène dans lequel, dissimulé sous des fagots de bois il voyage jusqu’aux abords du col des LIMOUCHES.

Accueilli en tant que volontaire par la compagnie du Lieutenant CHRETIEN, il participe aux patrouilles et aux missions dangereuses de type guérilla.

 

Dès le débarquement des Alliés en Normandie, le 6 juin 1944, les Maquisards reçoivent l’ordre de leurs chefs de sortir de l’ombre et de combattre directement l’ennemi. Les compagnies deviennent des Unités Combattantes des FFI (Forces Françaises de l’Intérieur).

La Compagnie CHRETIEN prend position au col des LIMOUCHES dans le cadre d’un plan d’action de défense du VERCORS. Le 28 juillet elle résiste à l’attaque d’un fort détachement allemand. Elle lutte courageusement et parvient à repousser l’ennemi. Le lendemain les soldats en plus grand nombre reprennent l’attaque.

Faute d’approvisionnement en armes en munitions, la compagnie reçoit l’ordre de repli. Le VERCORS est totalement encerclé par les allemands. La situation est tragique.

La compagnie parvient à s’exfiltrer et prend position dans une ferme abandonnée proche de la Vacherie. (commune Le Chaffal).

Le 9 Août, toujours sur le qui-vive, le volontaire BOBICHON repère l’arrivée de l’ennemi et donne l’alerte. Sa réactivité devant le danger et l’intervention des compagnies MORIN et BEN permet de sauver, d’un véritable massacre, la compagnie CHRETIEN qui se reposait dans la vieille maison.  L’ordre est donné de se replier vers la forêt de Lente. La compagnie subit une nouvelle attaque des Allemands près du village d’Omblèze. Au cours des combats du Chaffal, la compagnie perdra des Résistants.

Le 15 août, les maquisards reprendront le moral en apprenant le débarquement en Provence.

Le 31 août, sous les ordres du commandant LEGRAND (général Lassus de St Geniès) chef Militaire des FFI de la Drôme, le jeune Résistant BOBICHON contribuera vaillamment à la libération de VALENCE.

A la dissolution des Maquis, en septembre 1944, il s'engage dans un groupe d’Artillerie pour la durée de la guerre ; Au sein du Régiment d’Infanterie Alpine, il participe bien évidemment à d’autres combats sanglants contre l’ennemi au cours de la « campagne de FRANCE » jusqu’en ALLEMAGNE.

Le 4/11/1944, il se  porte volontaire pour lutter en Extrême-Orient contre les forces Japonaises occupant la Cochinchine. Il est  affecté au camp de PHU-LOÏ.

Au cours de son séjour en Extrême-Orient, il déplore  déploré la mort de 48 compagnons.

Il nous a confié être  toujours hanté par des cauchemars marqués par le souvenir de la stèle portant les noms des soldats Français tués.

De retour en France, sur sa demande il  est démobilisé en 1948.

Sa spécialité de soudeur au chalumeau lui permet d’être rapidement embauché chez un artisan chauffagiste à Valence où il rencontre Jean Béolet.

Et tous les deux vont sympathiser et décideront de partir travailler en Afrique.

 

Pour conclure, je souhaiterais vous faire part que les Membres des FFI ont accueilli avec plaisir cet homme courageux, attachant et serviable ;

Depuis 2013, Il était Membre actif auprès de la Fédération des Unités des FFI de la Drôme ;

Depuis 2014 il était un fidèle « passeur de mémoire ». Il apportait son témoignage sur le thème de la Résistance lors des journées « Les Sentiers de la Mémoire » où quelque 700 à 800 élèves vont à la rencontre d’Anciens Résistants, sur le site du Mémorial de la Résistance.

Il participait aux cérémonies de l’«Appel du 18 juin« et aux cérémonies d’anniversaire de la Libération de la Drôme.

Notre Compagnon Albert BOBICHON était titulaire des décorations militaires suivantes :

-         Citation : cité à l’ordre de la Brigade par la 27ème Division Alpine (OG du 17/6/1945) du colonel Petetin, commandant l’Artillerie Divisionnaire 27. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de Guerre 1939/1945 avec étoile de bronze.

« « Entré au Maquis de Drôme-centre le 30/3/1944, s’est distingué à plusieurs reprises. N’a pas quitté le front des Alpes jusqu’à la fin des hostilités » ».

 -          Croix du Combattant Volontaire barrette « guerre 1939-1945 »

-          Croix du Combattant Volontaire barrette « Indochine »

-          Médaille Coloniale avec agrafe « Extrême-Orient »

-          Médaille commémorative française de la guerre 39/45, barrettes « engagé volontaire et libération »

-          Médaille commémorative de la campagne d’Indochine

 Nommé au grade de Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur (JO du 12/4/2015). Insigne de chevalier remis par M. Jean MONIN (commandeur) le 05/09/2015 devant le Mémorial de la Résistance à Mirmande.

 La Fédération des Unités des FFi de la Drôme et la Fédération des Combattants Volontaires témoignent toute leur reconnaissance et adressent à sa fille Martine, à ses 6 petits-enfants, (Marlène et Laura) (Océane, Fabien, Jordan et Anaïs) à sa compagne Régine, à sa famille et à ses amis, en cette triste circonstance, leur sympathie sincère et leurs fraternelles condoléances en adressant une pensée à son fils Thierry décédé à l’âge de 42 ans. 

 

Notre Président a ensuite pris la parole pour rappeler combien les valeurs inhérentes à la croix de Chevalier dans l'Ordre dce la Légion d'Honneur s'appliquaient en tous points au parcours de notre ami disparu.

 

            "Cette décoration prestigieuse, créée et conçue, en 1802, par le Premier Consul Napoléon BONAPARTE, est marquée par l’Histoire et la Morale. Le mot Honneur résonne comme la cristallisation de la dignité et des valeurs les plus nobles.

            Cette récompense de la Nation est représentative du Peuple de France. Elle n’est pas réservée aux seuls militaires et distingue aussi, à parité aujourd’hui, le monde civil. BONAPARTE  disait « les soldats les plus humbles seront fiers de porter cette décoration au même titre que les savants les plus illustres ». Ou encore, « cette décoration a pour vocation de « réunir le courage des militaires aux talents des civils »

            Les Légionnaires ont donc toutes et tous des parcours différents. Mais au-delà de leur diversité, ils incarnent tous les mêmes idéaux, les mêmes valeurs, à savoir : la solidarité, l’honneur, le courage, la volonté de faire bouger les choses et, par-dessus tout, l’engagement pour notre patrie.

            Les légionnaires ont servi et servent la France avec dévouement. Ils ne renoncent jamais. Ils ont le souci de construire avec d’autres un monde meilleur et restent fidèles à leurs vocations, avec la première d’entre-elles, être le porte flambeau de l’Honneur. L’Honneur est un don de soi. Il n’est pas raisonné, il est intrinsèque à l’homme. Il développe un principe moral de conduite et d’action aux travers des plus belles qualités humaines : probité, courage, vertu, dignité, intégrité, respect de soi et respect des autres. Avoir le sens de l’honneur revient à s’élever au dessus des écueils de la vie et des dérives de l’humanité. L’homme, n’est pas parfait. Mais il doit avoir le réflexe de revenir sur le chemin de l’honneur chaque fois qu’il s’en écarte.

            Ce sens de l’honneur guide le légionnaire qui sait s’approprier les mots « Honneur et Patrie »,  la devise du premier Ordre national. Peut-il y avoir un plus bel héritage que cette devise associée à celle de notre Nation « Liberté, Egalité, Fraternité ». Cinq mots, qui s’ils étaient toujours respectés, gommeraient toutes les aspérités des hommes. Chers amis, n’écoutez pas les sirènes de ceux qui prennent plaisir à dénigrer la Légion d’Honneur et les légionnaires suite à des nominations par eux jugées injustifiées. Ce serait faire fi des services éminents rendus à notre Nation par tant de femmes et des hommes qui se sont dévoués pour notre pays parfois au péril de leurs vies.

            La Légion d’Honneur constitue l’un des remparts républicains sur lequel viennent se briser les tempêtes de l’égoïsme, de l’inégalité et de l’injustice. En 216 années, elle a connu deux empereurs, trois rois, quatre Républiques, 26 Présidents. Son existence a parfois été mise en péril en particulier en 1848 et en 1870. Mais son prestige et sa force lui ont permis de surmonter chacune des épreuves que notre Patrie a subies.

            La Légion d’Honneur est beaucoup plus qu’une décoration. Certes, elle est une marque de reconnaissance envers celles et ceux qui se sont dévoués pour leur pays. Mais elle est aussi un porteur de mémoire et de valeurs pour  les générations qui nous succéderont. Elle est l’essence même de notre pays, de notre Patrie. Mais le légionnaire doit faire preuve d’humilité. Il doit toujours garder à l’esprit, le mot de Maurice DRUON, Grand-croix de la Légion d’honneur, « Porter cette Croix rend fier, assurément, mais modeste aussi, quand on songe aux héros et aux génies sur lesquels elle a brillé ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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