79eme anniversaire des évènements de SAINT PONS et CONDORCET

19 mars 2023

SOUVENONS  NOUS    

     79eme anniversaire des tragiques évènements de  Saint Pons et Condorcet

                              

 

Ce matin du 19 mars 2023  il y eut deux cérémonies, la première à Saint Pons à 10h30 à la chapelle de ce village

                                  

 suivie du dépôt de gerbes à la plaque commémorative de l’ancienne école de Saint Pons

                                   

, puis à 11h45 une cérémonie au monument à Condorcet.

 

Des membres du Comité de la Drome Provençale de la Légion d’Honneur participaient à ces cérémonies, il s’agissait du lieutenant-colonel MASSON REGNAULT avec le drapeau porté par Philippe DANGLETERRE, du général Alain LABROT maire de St May, du lieutenant-colonel Alain NICOLAS, de monsieur Jean GARCIA maire de Saint Maurice sur Eygues

 

Nous reproduisons intégralement le discours de monsieur Jean Claude BRUS maire de Condorcet qui retrace ces tragiques évènements de 1944. 

Cette cérémonie fait partie du patrimoine mémoriel du Nyonsais, à laquelle vous êtes tous très attachés. C’est dans le cadre du devoir de mémoire que les enfants de l’école de St Ferréol 30 Pas viennent tous les ans accompagnés de leur maître, à notre cérémonie.

 

Voilà donc 79  ans que ces tragiques évènements ont eu lieu dans ces montagnes puisqu’il s’agit de massacre de civils

Ce récit émane des écrits d’un maquisard que nombreux d’entre vous connaissaient puisqu’il s’agit de Mr Léopold Rostand .

Juin 1940 ,La zone Nord de la France est occupée par l’ennemi

Novembre 1942  la Drôme est envahie à son tour

Début 1943 Les jeunes Français de 20 à 25 ans sont obligés de partir au STO(Service de Travail Obligatoire) en Allemagne. Nombreux d’entre eux sont réfractaires et s’enfuient des chantiers de jeunesse et se réfugient dans les maquis.  Ils pensent que le devoir d’un jeune Français est de lutter quels que soient les risques, par tous les moyens, contre les occupants de notre pays.

Ces maquis sont sous les ordres du Capitaine Descours qui est nommé entre temps Commandant et du Lieutenant Pierre Chalan Belval pour la Drôme Sud.

Certains de ces maquisards ont été entrainés par le Lieutenant Roger Guigou sur la Commune de Combovin et encadrés également par Henri Paris et Claude Vallot.

L’origine de l’activité clandestine est la défense de notre patrie, la défense de nos libertés et la libération de la France

A Condorcet des groupes de maquisards ont fait escale dans ces montagnes que ce soit à la ferme de la Bessonne  de début juin à fin août 1943 et dans les baraquements des chantiers de  jeunesse en pied de la falaise de la montagne de Cougoir de fin Novembre 1943 à début Mars 1944. Le site a définitivement été abandonné dans les 1° jours de mars 1944 pour des raisons de sécurité. Les  maquisards se sont installés ensuite sur le plateau de Vinsobres et dans les bois de la commune d’Allan près de l’abbaye d’Aiguebelle

Dans plusieurs communes du sud de la Drôme, s’organisent des agriculteurs, des boulangers, des transporteurs, des médecins, des agents de liaisons etc.. pour héberger, ravitailler, et soigner les réfractaires au STO.

A Condorcet ces maquisards ont bénéficié du soutien infaible des habitants de la vallée et du village , il y avait beaucoup d’amis acquis à leur cause pour les soutenir et leur apporter de l’aide sous toutes ses formes.

Les maquisards trouvent la compréhension et de l’aide de l’ensemble de la population et une sincère amitié s’était instaurée.

Les appuis indispensables à leur action résistante sont des gens du milieu local, des paysans, commerçants, petits et moyens entrepreneurs, gendarmes et même moines d’une abbaye.

On peut citer  entre autres en précisant que cette liste n’est pas exhaustive : 

Stanislas Gras et son fils Marcel, Elie Estève agriculteurs qui récoltaient le ravitaillement des Maquisards

Gabriel Gras le dévoué, serviable et courageux boulanger de Condorcet, qui malgré le rationnement instauré par le gouvernement de Vichy pourvoit en bon pain les maquisards.

Mr Kimché Chirurgien-dentiste de Nyons

Le Dr Jean Bourdongle de Nyons et membre de l’organisation civile de la Résistance, toujours prêt de se rendre au chevet d’un malade quel que soit l’heure et l’éloignement du lieu où celui-ci se trouve.

Mr Majoureau Sous-Préfet de Nyons qui était acquis à la Résistance et qui classait sans suite les rapports qui pouvaient porter préjudice à la Résistance locale et à la vie des maquis du Nyonsais.

Melle Chambon Infirmière à Valréas

Mr Maurice Dessales chargé du système d’alerte optique pour la surveillance de la route à partir de son habitation

Les fermes voisines du camp

Charles Lafont le fils du patron du café Lafont qui rendait  souvent de précieux services

Charles Monier buraliste de Nyons

Le Père Abbé d’Ayguebelle

Le Curé Corréard de Nyons

Le Pasteur de Nyons qui prête sa voiture pour les besoins de déménagements des maquisards

Mr Roux des Ets Roullet de Nyons qui fournissait en confiture et pâtes de fruit les maquisards

Bertin Montlahuc qui reliait les ravitailleurs des maquis et était un agent de liaison

Et bien sùr La Marée Chaussée qui était au courant de ce qui se passait dans les villages mais qui avait pour seul mot d’ordre : Il n’y a rien a signaler!.

Et bien d’autres encore …

                              19 Mars une date tragique dans la résistance nyonsaise

De nombreux véhicules de l’armée allemande sont passés par Nyons, certains se sont arrêtés place des Arcades D’autres ont pris la direction de Gap.

Le Dr Bourdongle a été sorti brutalement de chez lui et embarqué dans la grand rue, il a été interrogé avec brutalité dans la salle de la mairie de Nyons. Après cet interrogatoire les allemands ont pris la direction de Gap et plus particulièrement la Bonté et Condorcet

L’appartement et le cabinet du médecin ont été fouillés et saccagés, son épouse a aussi été interpellée et brutalement interrogée

Il est environ 8 h 30 lorsque le convoi se dirige vers Condorcet précédé des voitures dont l’une transporte le Dr Bourdongle

Le Dr Bourdongle avait été invité par le Lieutenant Pierre Chalan Belval de se mettre à l’abri. Mais il était médecin. Il estimait qu’il n’avait pas le droit de quitter son domicile, où, dans les cas urgent, ceux qui avaient besoin de lui pouvaient le joindre.   Fidèle à sa vocation, il irait jusqu’au sacrifice de sa vie.

Le convoi de véhicules allemand une douzaine de véhicules militaires dont une auto mitrailleuse et plusieurs petits canons tractés prend la direction de Gap.

Les Allemands arrêtent Bertin Montlahuc et Gustave Long

Les assaillants cherchent ensuite le boulanger  Gabriel Gras

Celui-ci ainsi que certains Condorcéens plus ou moins impliqués dans la Résistance réussissent à s’enfuir et disparaissent vers les berges de la rivière du Bentrix et la montagne de La Garde

Montlahuc et Long sont invités sans ménagement dans les voitures qui précédées d’un convoi de camions prennent la route de Saint Pons

Le camp va donc se retrouver encerclé de 3 côtés Col d’Aubres, Ravin de Bounio au sud du village et la route de Saint Pons.  C’est bien une opération d’encerclement du camp qui était recherchée car ce maquis était recherché par l’ennemi

Le détail de ces diverses interventions laisse penser que des renseignements très précis ont été donnés aux Allemands avant l’organisation de l’opération. 

Le détachement motorisé arrive à la maison de Stanislas Gras. Celui-ci est arrêté et un interrogatoire très brutal commence

Les faits qui vont suivre sont cruels, sanglants et inhumains

Stanislas Gras avait accueilli sous son toit les cadres des maquisards et avec son fils Marcel il avait été le premier à aider à la création du maquis de la Bessonne.

Sous son influence l’accueil des maquisards s’était élargi à la majorité des foyers de Saint Pons et des liens de solide amitié s’étaient noués.

Stanislas Gras est soumis au feu des questions de la Gestapo et des Miliciens. Ils veulent savoir où se trouve son fils Marcel.   Celui-ci est en train de labourer un champ avec Roger Pelagatti.

Ils s’enfuient sous les rafales d’un fusil mitrailleur.

Les soldats aperçoivent deux personnes qui s’enfuient  vers le vieux village, ce sont 2 jeunes de 11 et 12 ans,

d’une rafale ils abattent l’un d’eux, Simon Raspail âgé de 12 ans.

Ce sera la première victime de ce triste dimanche

L’interrogatoire de Stanislas Gras se poursuit, mais malgré les coups qui pleuvent sur cet homme, aucune information n’est obtenue sur les habitants de Saint Pons assurant le ravitaillement des maquis

Pendant ce temps les soldats fouillent et pillent la ferme et les bâtiments attenants

Les autres otages sont questionnés brutalement à la ferme Gras mais rien ne sort de leur bouche

Puis, près d’un mur de l’école de Saint Pons, le Dr Bourdongle, Bertin Montlahuc et Stanislas Gras sont fusillés

.Les soldats mettent ensuite le feu à l’école et aux bâtiments voisins et les 3 cadavres terriblement mutilés et défigurés sont laissés sur place.

La ferme Estève située un peu plus haut que l’école, est également  incendiée.

Le convoi descend vers Condorcet, s’arrête au passage à la ferme Gras

et après avoir fusillé les 3 autres martyrs de cette terrible journée Gustave Long, Henri Sillan et son fils Marcel,   les fermes Gras et Sillan sont incendiés à leur tour

Il y a un acharnement contre les Silan et leur ferme

Cette attitude est expliquée par le fait qu’un traitre avait participé début février 1944 à la mise à l’abri dans cette ferme, de matériel militaire et en connaissait l’existence.

Les Allemands étaient venus recueillir des informations ou étaient partis les maquis, mais rien ne sorti de la bouche des 6 personnes, c’était  le silence pour toute réponse

A Condorcet des policiers ennemis s’en prennent à Mme Montlahuc, ils la molestent et menacent de l’arrêter, sa maison est pillée et des grenades y sont jetées ce qui provoque un début d’incendie.

Le café Lafont est transformé en cantonnement militaire jusqu’au lendemain soir 20 mars en attendant la venue de camions qui emporteront tout ce qui a été dérobé au cours de l’opération du Dimanche.

Les Maquisards de Saint Pons n’oublieront jamais ce dimanche 19 mars 1944 et toute leur existence ils penseront avec émotion à leurs amis qui ont fait ce jour-là, dans des conditions horriblement cruelles, le sacrifice de leur vie pour la liberté.

 

 

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