Très belle cérémonie en hommage à Jacques PAYEN
103 ans et une vie bien remplie
Le Dauphiné Libéré était présent et a édité un bel article dont nous donnons des extraits.
Entré en résistance à l’âge de 22 ans, il avait intégré les rangs du 4ème régiment des spahis marocains comme conducteur de char. À 103 ans, il a remis son insigne aux derniers militaires, héritiers de ces cavaliers, en garnison à Valence.
De ses doigts hésitants, Jacques PAYEN ouvre une enveloppe blanche. « Je vais vous faire un cadeau ». Il en sort son insigne de poitrine, ultime vestige de son passé de résistant, lorsqu’il servait dans les rangs du 4eme régiment de spahis marocains durant la Seconde Guerre mondiale.
Âgé de 103 ans, ce pensionnaire de l’Ehpad Roche Colombe a reçu la visite d’une délégation du 1er régiment de spahis, basé à Valence. Une rencontre dont l’équipe médicale a craint jusqu’aux dernières minutes que l’émotion ne puisse lui être préjudiciable… Une rencontre née dans l’esprit de ses cousins Max et Christiane DELPHIN-POULAT et du général Alain ROCHE, à la suite d’une confession de l’intéressé. En 2015, à l’âge de 95 ans il recevait la Croix de la Légion d’honneur. Huit ans plus tard, ce Lyonnais entré en résistance à l’âge de 22 ans, a le regard qui brille face au capitaine Julien, au brigadier-chef première classe Anthony et aux soldats de première classe Florent et Jordan.
La famille de Jacques était dans les soieries à Lyon. Détenteur d’un émetteur radio qu’il cachait dans l’appartement de ses parents, il est dénoncé à la Gestapo, mais échappe à la perquisition et décide de quitter la France en 1942. Apres une première tentative avortée il parvient, grâce à un contrebandier, à rallier l’Espagne, puis Marrakech au Maroc, où il intègre le 4ème régiment de Spahis marocains. Son escadron comprend 15 chars légers M5 de 17 tonnes. Dans un sourire, Jacques PAYEN continu de raconter, il précise : « Je leur avais dit qu’une fois j’avais démonté le moteur de ma mobylette » : On m’a répondu « ah ben, vous serez pilote de char ».
Le général continue à égrainer les souvenirs glanés dans le fascicule que jacques PAYEN a rédigé et intitulé : « Souvenirs de guerre 1939-1945 ». Le soyeux a ainsi participé à la libération de la Corse dont il ne conserve pas un bon souvenir, en atteste sa grimace : ». Les habitants ne nous ont pas bien accueillis et celle de l’Italie. Le 13 septembre 1944, le conducteur de char quitte Naples et embarque avec son engin pour la France où, après différentes péripéties, il touche terre le 24 septembre à Marseille.
En octobre 1944, son escadron se concentre au château de Buzine, propriété phocéenne de Marcel Pagnol. « J’y ai rencontré sa nièce, Andrée ». Un coup de foudre qui fait basculer le destin du Lyonnais. Entre mouvements dans la région de Grenoble pour tenir le front des Alpes et halte dans la capitale des gaules pour embrasser sa famille, il revient en terre de Provence et déclare sa flamme à celle qui deviendra sa femme pour la vie. Malgré, comme il aime à le préciser, « la concurrence des officiers de l’état-major du régiment ! ».
La guerre terminée, qui lui aura enlevé son frère Marc et son cousin Louis, Jacques PAYEN reprend sa place au sein de l’entreprise familiale qu’il n’hésite pas à moderniser. Jusqu’à devenir une florissante société installée désormais en Ardèche, à Saint-Julien-en-Saint Alban. Société depuis peu sous les feux de l’actualité. Le centenaire ne cache pas sa fierté : « C’est dans ces ateliers qu’est fabriqué le tissu du maillot de l’équipe de France de rugby ! ».
« Je suis resté spahi dans l’âme »
Au crépuscule de sa vie, il ne cache pas sa fidélité pour son régiment de corps et de cœur. « Je suis resté spahi dans l’âme » avoue-t-il aux jeunes militaires, émus de ses confidences. « Je n’ai jamais porté votre tenue. On ne nous en avait pas données, nous avions des uniformes américains ». Qu’à cela ne tienne, un des premières classes lui offre son calot. « Nous entretenons des liens avec ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont participé à la grande aventure des spahis, notamment lors de la libération », confirme le capitaine julien. « Ils ont comme Jacques ; marqué de leur empreinte l’histoire des spahis dont nous sommes aujourd’hui le seul régiment encore existant ».
Dans les vitrines du musée, quartier Baquet à Valence, l’insigne précieusement recueilli va rejoindre les trésors déjà protégés.
Ce fut une magnifique rencontre mais aussi bon moment d’histoire.
Étaient présents : Monsieur et Madame DELPHIN-POULAT (Christiane et Max), le porte- drapeau Jean-Claude LAUNAY, Madame Monique MARTINEU, le président des FFI Monsieur Daniel CUOQ, le général Alain ROCHE et son épouse Danielle, en présence aussi du directeur de l’hôpital, de son adjoint et de plusieurs soignants.
Monsieur Jacques PAYEN nous a quittés 15 jours plus tard le 20 octobre. À l’issue de cette belle rencontre tant souhaitée, il pouvait sereinement rendre les armes, heureux d’avoir porté le calot du plus jeune des Spahis. Après une vie bien remplie et sa mission de soldat accomplie il pouvait alors s’envoler vers une autre destinée.
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1er régiment de SPAHIS
Histoire
Héritier des traditions de la cavalerie d’Afrique, le 1er régiment de spahis descend du régiment de marche de spahis marocains créé en 1914 par le général Lyautey.
Le régiment a participé à la plupart des opérations extérieures depuis ces 25 dernières années : Centrafrique, Gabon, Golfe persique, Guyane, ex-Yougoslavie, Tchad, Liban, Djibouti, Kosovo, Bosnie, Afghanistan, Côte d’Ivoire, Sénégal
Mission
Le 1er régiment de spahis déploie des escadrons sur engins de reconnaissance rénovés (AMX 10 RCR) à Djibouti, sur véhicule blindé léger (VBL) au Liban et en unité proterre dans les départements et territoires d’outre-mer.
Missions d’intervention, d’assistance, d’aide aux populations, de sécurité intérieure, de souveraineté, d’interposition.
Implantation
Le quartier Baquet se trouve dans le centre-ville de Valence.
Base de défense de Valence
1er régiment de spahis
Quartier Baquet
BP 1008