Le Médecin Général Louis BIARD, un grand médecin militaire vient de nous quitter.
Une phrase du général de division aérienne Alain ROCHE, dans l’hommage qu’il lui a rendu lors de la cérémonie des obsèques, résume parfaitement qui était cet homme : Nous garderons de Louis le souvenir de sa profonde gentillesse, sa capacité d’écoute et de sa réelle humilité. Homme de grande classe, courtois, chaleureux, avenant, toujours prêt à tendre sa main, il connaissait la richesse et la profondeur des mots.
La cérémonie religieuse a eu lieu le 6 juin 2023 en l’église de La Bégude de Mazenc |
Président Honoraire du Comité de Montélimar,
Vice-Président de la Section de la Drôme de La Société des Membres de la Légion d’honneur.
Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à un époux, un père, un grand-père, un arrière-grand-père, un frère d’armes. Le médecin général Louis Biard nous a quittés, lundi 29 mai à l’âge de 90 ans. De nombreuses autorités politiques et militaires, les porte-drapeaux, ses frères d’armes, ses amis sont présents aujourd’hui pour soutenir sa famille au moment où nous allons lui dire au revoir.
Louis est né le 16 mai 1933 à Casablanca. Très tôt son expérience du scoutisme, lui fait découvrir les grands espaces qui font naître en lui la passion de l’archéologie et de la géologie. De l’adolescent qu’il a été, nous avons retenu qu’il fut un étudiant brillant, animé par une grande curiosité intellectuelle et une volonté affirmée. Après avoir obtenu ses deux bacs et suivi une année en Physique Chimie Biologie, il rejoint à l’âge de 20 ans, l’École du Service de Santé Militaire à LYON. Sa vocation est de devenir médecin.
Un an auparavant en 1952, à Rabat, son regard s’était illuminé sur celui d’une belle jeune fille, Anne-Marie, âgée de 16 ans. C’est le coup de foudre mutuel. Il y a encore quelques jours lorsque je suis allé lui rendre visite à la Résidence Domytys, le 12 mai, il m’a dit avec beaucoup de tendresse et d’amour dans sa voix « J’ai une épouse formidable ». Le 26 octobre 1955, ils scellaient leur union dans un mariage qui allait durer 68 années.
L’année suivante, le couple a l’immense bonheur d’accueillir en leur foyer un petit garçon Philippe, qui sera suivi onze mois plus tard par un petit frère Jacques puis Jean-Loup à la fin de l’été de 1958. Louis devient médecin en décembre 1959. J’imagine la volonté, l’engagement dont le couple a dû démontrer pour permettre des études longues et complexes avec trois petits garçons en bas âge. Deux autres fils viendront rejoindre cette déjà belle et grande famille, Yves en 1964 et Éric, un an après.
Reçu docteur en médecine en décembre 1959, il est nommé peu après médecin chef de la base aérienne Tlemcen en Algérie et du détachement opérationnel de Zenata, où grâce à son dévouement inlassable et son dynamisme de tous les instants, il contribue à l'extension de la pacification. En 6 mois il a prodigué, jour et nuit, 6 000 consultations auprès de la population locale, recueillant partout respect et confiance. Sa conduite courageuse et exemplaire dans les communes de Zenata et d'Ouled Riah est récompensée par une citation à I’ordre de la brigade aérienne en février 1961 et l’attribution de la Croix de la valeur militaire, étoile de bronze.
De retour en métropole, il effectue son stage à l'École d'application de médecine aéronautique à Paris dont il sort major de promotion, avant d'être muté, en 1961, comme médecin chef de la base aérienne de Brazzaville au Congo. Travailleur et d’une intelligence vive, il s'adonne sans compter à ses fonctions et s'impose déjà comme un médecin de tout premier ordre.
Passionné d’ophtalmologie, il est affecté, en mars 1965, comme médecin adjoint du service d'ophtalmologie du Centre principal d'expertise médicale du personnel navigant à Paris que je connais bien pour y avoir passé mes visites médicales annuelles depuis 1969. Il assume ses fonctions avec une conscience professionnelle exemplaire et une rare compétence pour un médecin n'ayant pas encore accédé à la qualification.
Brillamment reçu à I’assistanat, il est nommé médecin adjoint au chef du service d'ophtalmologie de I'hôpital militaire d'instruction "Desgenettes" et commandant de compagnie à l'École du service de santé militaire de Lyon. Il est remarqué par ses maîtres hospitaliers pour ses remarquables qualités professionnelles et par le commandant de l'école pour ses vertus militaires et d’enseignement.
Reçu major au concours de la spécialité, il devient I'adjoint du chef de la clinique d'ophtalmologie de I'hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce à Paris où ses vastes connaissances, son inlassable dévouement, l'affirment comme un spécialiste de très grande classe.
En septembre 1976, avec le grade de colonel, il prend la direction du service d'ophtalmologie de I'hôpital d'instruction des armées "Desgenettes" à Lyon. Chef de service d'une exceptionnelle qualité, dynamique et entreprenant, profondément attaché au bien du service il s’attire I'estime tant de ses supérieurs que des malades et du personnel. Il porte son unité au meilleur niveau grâce à un sens marqué de I'organisation, à de remarquables capacités intellectuelles et à un talent de chirurgien reconnu. Son esprit d'initiative, sa volonté de progrès, la valeur formatrice de son enseignement, son innovation dans certaines techniques opératoires en font un ophtalmologiste de toute première lignée, dont la notoriété dépasse largement le cadre militaire.
En février 1988, il se voit confier les fonctions de médecin-chef de l'hôpital d'instruction des armées "Dominique Larrey" à Versailles. Totalement impliqué dans sa mission, soucieux d'efficacité, il allie un sens précieux du commandement à une remarquable efficacité Il y connaît là encore une réussite exceptionnelle et contribue avec bonheur au rayonnement du service de santé des armées.
Ses étoiles d’officier général viennent en 1990 récompenser et reconnaître ses mérites et son engagement. Il est admis dans la deuxième section du cadre des officiers généraux le 1er mai 1994 au terme d'une carrière exemplaire de plus de quarante ans.
Au cours de toutes ces années passées dans notre belle région, Louis et Anne-Marie ont tissé un large réseau d’amis non seulement au sein de la Société des Membres de la Légion d’honneur la SMLH ou encore de la Section Drôme-Ardèche de l’Association des Combattants de l’Union Française, l’ACUF, mais aussi dans le milieu civil. Mon général, tu as été vice-président du Comité montilien de la Légion d’honneur, vice-président de l’ACUF, puis son président, malgré des soucis de santé, afin que cette association ne s’éteigne pas. Vous vous êtes investis, Anne-Marie et toi tous les deux, en participant à toutes les activités, en entretenant le devoir de mémoire par votre présence à de très nombreuses cérémonies à caractère patriotique. Nous vous en sommes reconnaissants.
Officier de la Légion d’honneur depuis 1988, Commandeur de l’Ordre National du Mérite depuis 1993, le médecin général avait vu ses services reconnus, au total, par 22 médailles ou récompenses. Il portait la Croix du combattant, la Croix de la valeur Militaire et la Médaille commémorative AFN 1 960. Il était également, Commandeur de l’Ordre de Malte, Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques, Médaillé d’Honneur du Service de Santé des Armées, étoiles bronze puis argent. Sorti major de l’École d’application, il avait reçu la médaille du Prix Spécia puis le Prix Delorme pour des recherches médicales. Il a été Médaillé de bronze et d’argent pour des travaux scientifiques et techniques respectivement en 1976 et 1978. Il a reçu un Témoignage de satisfaction du chef état-major de l’Armée de Terre et un Témoignage de reconnaissance des autorités militaires espagnoles. Son investissement sans relâche à la tête de l’Hôpital des armées de Versailles fut reconnu par la Médaille d'or de la ville. Membre de la société française d’ophtalmologie il est l’auteur de plus d’une centaine de publications scientifiques reconnues à l’international. Plus récemment son engagement a été reconnu par l’Honorariat de Vice-président du Comité de la SMLH de Montélimar.
Lui et son épouse ont subi le 14 avril dernier, le plus grand des malheurs, celui de perdre un enfant, leur fils, Jacques. Deux mois auparavant ils avaient été affectés par la Covid 19. Ils avaient fait le choix récemment de quitter Souspierre et de rejoindre la résidence Domitys à Montélimar. Le destin en a décidé autrement. Cette forte fièvre qui l’affaiblissait chaque jour davantage cachait un mal fatal. Parfaitement lucide, le médecin général BIARD a fait face à la mort avec lucidité, force d’âme et grande dignité.
Madame BIARD, chère Anne-Marie, je mesure pleinement votre investissement au cours de la carrière de votre époux et la place essentielle que vous avez tenue. Anne-Marie, vos enfants Philippe, Jean-Loup, Yves, Éric vos dix petits-enfants, Emilie, Adrien, Marion, Yann, Anthony, Rémy, Mathis, Titouan, Enki, Lison, vos quatre arrière-petits-enfants, Jahyan, Lilou, Nathanaël, Zoé, toute votre famille, vos proches, nous tous, nous pouvons être fiers de ce que nous lègue le médecin général BIARD, votre époux, votre père, votre grand-père, votre arrière-grand-père, notre ami, notre frère d’armes.
Nous garderons de Louis le souvenir de sa profonde gentillesse, sa capacité d’écoute et de sa réelle humilité. Homme de grande classe, courtois, chaleureux, avenant, toujours prêt à tendre sa main, il connaissait la richesse et la profondeur des mots. Ceux qui avaient la chance de bien le connaître pouvaient apprécier sa grande culture générale et ses connaissances immenses dans le domaine médical.
Mon général, tu as bâti un édifice de vie remarquable. Merci pour ce que tu as réalisé dans ta vie de soldat, de médecin, de chirurgien ophtalmologue et d’homme. Aujourd’hui nous déplorons ton départ.
Au revoir mon général, au revoir mon frère d’armes, au revoir Louis, tu étais mon grand frère, mon ami. Tu ne pourras plus apporter à chacun ton expertise médicale avec tant de compétence, de fraternité et d’amour pour les autres. Tu étais et tu demeureras pour nous tous un guide, une étoile à suivre, un grand soldat, un grand patron en médecine et un grand Monsieur.
La Bégude de Mazenc le 6 juin 2023