LE MUR DES FUSILLES D’ALLAN
La cérémonie annuelle en mémoire des fusillés du 30 mars 1944 à ALLAN Drôme
a eu lieu le 1er avril 2023
Cette cérémonie s’est déroulée en 3 temps :
La cérémonie a débuté sur la place devant la paque de commémoration ou Philippe TILLARD, président des anciens combattants, a retracé les faits historiques de ce massacre.
Le jeudi 30 mars 1944 à l'aube, un petit groupe détaché du maquis Pierre (Challan-Belval), commandé par les lieutenants Marcel Delaby et Daniel Quinaud, mène une opération de récupération d'essence à la gare de Châteauneuf-du-Rhône. Sur une voie de garage, un wagon chargé de bidons a attiré l’attention du groupe démuni de combustible pour ses véhicules. Trop désireux de profiter de l’aubaine, les résistants ne voient pas qu’il s’agit d’un piège.
Selon certains récits, alors que l'opération touche à sa fin, un camion d'Allemands surgit. Les officiers, Delaby et Quinaud, font face pour donner le temps aux autres de battre en retraite. Delaby est abattu, Quinaud, blessé à la rotule, est pris. Les hommes qui se sont emparés de l'essence gagnent les collines voisines mais ne peuvent rejoindre le camp pour donner l'alerte. Plusieurs d’entre eux se réfugient à la ferme d’Aubagne.
Tandis que deux maquisards partent au ravitaillement et qu’un autre va chercher du secours, les Waffen SS attaquent la ferme. Deux sont tués dans le combat, les autres sont capturés et amenés sur la place de la Mairie à ALLAN. Jean Bernay, responsable du groupe demeuré à la ferme, lui seul parvient, bien que blessé à la jambe, à s’échapper et, aidé par deux moines, les frères Yves et Bruno (chirurgien à l’abbaye d’Aiguebelle), à regagner le maquis Pierre à Beaufort.
Les prisonniers sont fusillés contre le mur du préau de l’école. Le blessé Quinaud, emmené à Viviers, est ramené le lendemain devant les cadavres de ses camarades. Ne pouvant se tenir debout, il est fusillé à genoux.
C‘est ensuite monsieur Yves COURBIS, maire d’ALLAN, qui s’est exprimé.
Je dois en premier lieu vous remercier d’avoir répondu présent à l’appel du Président Patrice Chalavan.
Votre fidélité à ce rendez-vous et votre engagement font honneur à cette commémoration Allanaise.
Les hommes tombent, les souvenirs demeurent, les recueillements renforcent les liens et entretiennent la mémoire.
J’ai une pensée à cet instant pour le Président Philippe Tillard qui nous a quittés en octobre après un combat sans arme.
Nous l’avons tous connu, toujours très investi dans la préparation et le déroulé de chaque commémoration.
Fidèle compagnon parti trop tôt.
Un grand merci, à son épouse Pétra qui, fidèle à l’engagement de Philippe, œuvre courageusement pour porter le flambeau.
Détermination, exemplarité, courage, sacrifice c’est bien de ces valeurs que nous souhaitons témoigner.
Le tragique enchainement des journées des 29 et 30 mars que nous venons d’entendre, réveille en nous une nouvelle fois l’horreur, l’inacceptable.
Dans le silence et l’émotion, les mots prennent toutes leurs dimensions et résonnent comme le bruit des armes.
C’est tout un passage de l’histoire de France, ensanglantée, meurtrie, qui resurgit alors que les derniers survivants de cette période sombre disparaissent peu à peu.
Avec le temps nous pourrions avoir des difficultés à comprendre, à admettre, qu’un germe, nourri par l’esprit des hommes, d’un homme, ait pu provoquer autant d’horreur, autant de haine.
Malheur en est, chez nos voisins aux portes de l’Europe, l’histoire se répète.
Un engrenage infernal ou des milliers de femmes et d’hommes font comme en ce lieu, le sacrifice de leur vie dans l’espoir de sauver leur patrie, de sauver leur honneur.
Comment peut-on accepter la perte des toutes les valeurs humaines ?.
Nous ne pouvons rester insensibles, car nous sommes les garants d’une paix si chèrement gagnée.
Nous avons le devoir de transmettre le prix de cette liberté.
Notre jeunesse est fragile d’évidence parce qu’elle n’a pas vécu ce douloureux passé, parce qu’elle redoute l’avenir.
Notre monde moderne,, médiatisé à outrance, est pollué par la diffusion d’images choc, violentes qui méprisent la personne humaine.
Alors oui, nous dévons être acteurs, nous devons être vigilants, les sacrifices du passé nous obligent à porter dignement l’héritage des valeurs : courage, fraternité.
Cet honneur, cette liberté chèrement gagnée, cruellement gagnée est si fragile.
Dans nos engagements, modestement, il nous revient de rassembler nos différences pour faire vivre la paix, pour construire cet idéal attendu par notre jeunesse impatiente et insouciante.
C’est dans cet esprit que nous ferons honneur aux héros célèbres ou anonymes et exprimons notre reconnaissance.
Sans haine, sans oubli, nous pouvons dire :
Vive la République et ses valeurs de Liberté, d’Egalité de Fraternité et de Laïcité
Vive la France.
Plusieurs dépôts de gerbes ont été effectués suivis par la Marseillaise
Dans un deuxième temps, l’ensemble des participants s’est déplacé vers la stèle des Américains ou une gerbe fut déposée
Dans un troisième temps et en cortège, drapeaux en tête, les participants prirent la direction du cimetière où il fut procédé à l’appel des noms sur les tombes des martyrs ainsi qu’un dépôt de gerbes.
Le comité SMLH de la Drôme Provençale était représenté par le général de division aérienne Alain ROCHE, le vice-amiral d’escadre Éric SCHERRER, le colonel Jean Claude BERTRAND, Mme Annie PEZ et portant le drapeau de la Légion d’Honneur Jean Claude LAUNAY.