78eme anniversaire de la libération de Saint Paul Trois Chateaux
Notre ami Guy BLAIN , président des médaillés militaires et chevalier de la Légion d'honneur, a été le maitre de cérémonie .
La cérémonie commémorative de la Libération de Saint Paul Trois Chateaux le 27 aout 1944 à débuté au monument aux morts par une breve déclaration, suivie d'un dépot de gerbes par les associations patriotiques , par le lieutenant-colonel SIRDEY du Comité de la Drôme Provençale de la Légion d'Honneur, par les autorités civiles de la commune et du département..
En défilant dans les rues du centre-ville , les drapeaux, les officiels et un grand public ont regagné la place de la Libération.
Le maire de Saint Paul a prononcé un discours suivi par la lecture par Daniel ROLLET , adjoint au maire, d'une lettre du capitaine Monika STOY, présidente du comité directeur Europe de l'association de la 3eme DIA.
Puis ce fut notre ami Guy BLAIN qui a lu un texte de Jean VALETTE , officier de la Légion d'Honneur, sur le déroulement des évènements de cette libération.
Rappel des journées des 26 et 27 aout 1944
Discours prononcé le 27 aout 2022 Place de la Libération
Nous commémorons aujourd’hui le 78° anniversaire de la libération de Saint Paul 3 Châteaux par les soldats de la 3° DIA.
Pour que vous vous rendiez compte de ce que représente ctte journée pour les habitants de l’époque, il faut que je vous raconte.
En 1944 à Saint Paul, un détachement de SS occupe les locaux du Séminaire des Frères Maristes. Les tricastins doivent supporter leurs présences tous les jours. On n’est pas tranquille et toujours sur le qui-vive. Le couvre feu a été institué et les allemands contrôlent les entrées du village. Il y a des arrestations et des interrogatoires. Sur dénonciation, une ferme soupçonnée de ravitailler le maquis est brulée à Montségur. Les jeunes du pays pour ne pas partir au travail obligatoire en Allemagne sont obligés de travailler dans les mines de phosphates de Chanabasset. Tout rassemblement est suspect et un groupe de jeunes discutant devant le Café de Paris est poursuivi dans le village. Certains sont arrêtés.
Des familles sont touchées de plus près par la guerre avec un fils, un frère, prisonnier en Allemagne. Beaucoup de maisons sympathisent avec le maquis. On ravitaille quand on peut, on donne un coup de main, on héberge des réfugiés, des réfractaires du STO, des juifs. On évacue l’aviateur anglais tombé à Clansayes et on le met à l’abri. On transporte des enfants juifs. On va chercher un poste émetteur pour le maquis. Certains ont rejoint les unités des maquis de la Lance. D’autres se hasardent à faire quelques sabotages. Mais il faut faire très attention, car en plus des allemands, il y a des miliciens et des délateurs. C’est l’occupation.
Tricastins, Imaginez. Nous sommes le dimanche 27 aout 1944, sur cette même Place Notre Dame, à cette heure. Il y a plusieurs véhicules militaires américains arrêtés : une jeep, un Dodge, un char stationné là devant vous. Des soldats se désaltèrent et mangent un melon, car il fait très chaud.
Hier après-midi, samedi 26 aout, les derniers Allemands en retraite sont passés en convois désordonnés. Ils réquisitionnent chevaux, charrettes, vélos, motos et voitures.
La FLAK allemande et ses canons de 88 ont tiré sans cesse sur les avions des troupes alliés dans le ciel Tricastin. Il y a des batteries à Bollène, Pierrelatte, Lagarde, Saint Paul, au Pont de Bollène et au Chemin Ferré.
Ce samedi 26 août, tout le monde a peur car on se rend compte que les Allemands sont très nerveux. Quelqu’un revient de Bollène en vélo et annonce que les blindés américains arrivent, mais on ne veut pas le croire. Pourtant depuis le 6 juin, une grande espérance est née avec le débarquement sur les plages normandes et les durs combats de libération du territoire avec une percée en Normandie en direction du Bassin Parisien qui rapproche la 2° DB du général Leclerc des environs de Paris.
Le 15 août, on a appris le débarquement en Provence de la 7° armée américaine du général Patch et de la 1° armée du général De Lattre. Les combats font rage pour la libération de Toulon et Marseille opérés par les divisions françaises.
Cette journée du 15 août est aussi marquée par les bombardements de l’aviation alliée sur les ponts du Rhône, en particulier à Pont Saint Esprit et Bourg Saint Andéol, ce dernier faisant plus de 140 morts dans la population.
Le 16 août, le commando de résistants FFI d’Henri FAURE fait sauter le pont de la nationale 7 sur la Drôme à Livron. Le scénario se met en place pour porter un coup à la 19° armée allemande qui essaie de rejoindre l’est de la France et éviter le piège.
Le 20 août, la bataille de Montélimar commence. Les Allemands remontent la vallée du Rhône et se trouvent pris en tenaille, avec des milliers de véhicules bloqués sur les routes. C’est alors que les troupes américaines les prennent à revers : la Task Force Butler de la 36° division d’infanterie américaine a remonté la route Napoléon par Sisteron, franchi les cols de Cabre et de Grimone et par la vallée de la Drôme attaque les Allemands de toutes parts. Les 2500 résistants des bataillons des maquis de la Drôme participent aussi aux combats. L’aviation alliée pilonne tous les jours les convois allemands. La bataille est terrible et dure jusqu’au 29 août. Les cadavres des 900 morts allemands et plus de 1500 chevaux sont enchevêtrés avec 2000 véhicules de toute nature, détruits ou abandonnés. C’est la route de la mort.
Et, déjà, l’avancée américaine avec l’aide des maquis FFI permet de libérer Die le 20 août, Crest le 21, Nyons le 25, Bollène le 26.
Hier soir à la nuit, d’énormes explosions ébranlent les maisons, font tomber le plâtre des plafonds et brisent les vitres. Ce sont les Allemands qui viennent de faire sauter les ponts sur la route de Pierrelatte et de Valaurie. Sur la route de Lagarde, ils dynamitent un grand pylône devant la maison où habite la famille BERENGER. La maison est pratiquement détruite et les occupants sont très commotionnés. Les Allemands espèrent ainsi freiner l’avance américaine.
Cette nuit du 26 août on ne va pas dormir beaucoup à Saint Paul. On a peur. On se regroupe entre voisins pour coucher dehors, dans le ravin du Michelas, en bas de Sainte Juste, sur la colline de Barbières, dans les bois de Boussous, au quartier de l’Argentane et partout dans les meules de paille ou de foin. Dans le village, d’autres vont coucher à l’abri des caves voûtées comme dans les sous-sols de la Mairie. La nuit est longue.
Et arrive enfin le matin du dimanche 27 août 1944, ce que l’on attendait sans y croire arrive : les Américains sont là. Après les 3 éclaireurs américains avec leur jeep qui s'arrêtent devant le garage Canaud, c’est l’euphorie générale. Tout le monde sort des maisons en agitant des drapeaux tricolores. La nouvelle se répand. On va prévenir les quartiers éloignés, les parents, les amis, à Clansayes, à la Rouvière. Tous les Tricastins viennent voir leurs libérateurs. Au fil de la matinée, arrivent aussi les tanks, les jeeps, les camions et les troupes à pieds. Puis arrive un char Sherman pris en photo par le fils du cafetier.
Il y a maintenant beaucoup de monde au portail pour admirer les troupes américaines, leur matériel, leur équipement. On est impressionné par les chars « Sherman » de 30 tonnes. Les Tricastines trouvent les soldats jeunes et beaux. On les embrasse, on échange les adresses, on leur offre tomates, melons, fruits, boissons. Eux distribuent chocolat, bonbons, chewing-gum, cigarettes. Personne ne parle américain mais heureusement un professeur vient faire la traduction.
Des maquisards se montrent enfin au grand jour et l’un d’eux emprunte un vélo pour aller embrasser ses parents qu’il n’a pas vu depuis des mois à Pierrelatte.
Les convois américains se succèdent tout le jour, venant par les routes de Saint Restitut et Bollène. Ils continuent vers le Nord par la route de Lagarde où ils installent même une roulante dans un champ moissonné. C’est la 3° division d’infanterie américaine qui remonte la vallée du Rhône pour aller renforcer les troupes de la Task Force Butler engagées encore dans la bataille de Montélimar. Ils vont connaître de durs combats et pour certains rencontrer la mort, comme à ALLAN, le Sherman du Lieutenant Danby qui reçoit un obus dans la tourelle. Le lieutenant Danby est tué ainsi que deux de ses hommes.
Aujourd’hui nous avons à nouveau l’honneur et le plaisir d’accueillir le Capitaine Monika STOY, présidente du Comité directeur Europe de l’Association de la 3ème Division d’Infanterie américaine, ainsi que le Lieutenant-Colonel Tim STOY, Historien. Par leur présence, ils nous rappellent le sacrifice des soldats américains de la 3° DIA, débarqués au Maroc en 1942 pour terminer leur épopée à Berlin le 4 mai 1945. Cette année, année du centenaire de la fin de la 1° guerre mondiale 1918-2018, le symbole n’en est que plus fort : n’oublions pas la devise de la 3° DIA : Rock of the Marne, pour perpétuer le souvenir de la journée du 15 juillet 1918 ou au bord de la Marne, la 3ème Division a repoussé deux divisions d'assaut allemandes pour son premier combat en France.
Ce bref rappel historique est dédié aux hommes de la 3° DIA qui ont fait le sacrifice suprême pour leur pays et pour la France.
Grace à eux Saint Paul est libérée. Il faut s’organiser. Le lundi 28 août, Paul FAURE, maire sous le régime de Vichy, donne sa démission. Le Comité de libération se met en place sous la présidence de Louis GIRARD.
Mais la préoccupation principale de la population c’est de manger à sa faim. Les tickets du rationnement sont toujours là et on a droit à seulement 350 g de pain par jour.
La guerre n’est pas terminée. Il faudra attendre le 8 mai 1945 pour voir la capitulation allemande et peu à peu le retour des prisonniers de guerre d’Allemagne, après plusieurs années de captivité éprouvante. Au mois de mars 1945, il y a eu de nouvelles élections et pour la première fois les femmes ont le droit de vote.
Il faut se mettre au travail et reconstruire pour bâtir un monde meilleur. Une grande espérance est née pour une vie de paix et de bonheur.
Jean VALETTE
Président de la FNACA
Commandant de Réserve
Officier de la Légion d’Honneur
Nous avons eu le privilège d'avoir la présence de Mathieu SEMPERE du groupe vocal des STENTORS, de chanter une de ses composition ( Mon beau résistant) puis le chant des partisans.
La cérémonie se termina par l'hymne américain suivi par la Marseillaise interprétée par le ténor Mathieu Sempéré .