Bonjour à toutes et à tous,
Né le 22 octobre 1019, Monsieur Gilbert SAUVAN nous a quittés à l’âge de 101 ans et au-delà dans la nuit du 9 au 10 février 2021. Maire de Cléon d’Andran pendant 37 ans de 1958 à 1995, Conseiller général du canton de Marsanne durant 37 années également de 1964 à 2001, homme politique, visionnaire, président ou membre de nombreuses entités politiques et associatives, musicien, il était aussi un poète faisant danser les mots sur ses valses d’alexandrins.
Plusieurs autorités ont accompagné Monsieur SAUVAN pour son dernier voyage, en particulier, Monsieur Philippe NUCHO, Sous-Préfet, Monsieur Gilbert BOUCHET, Sénateur de la Drôme, Madame Marie-Pierre MOUTON, Présidente du Conseil départemental, Monsieur Fermi CARRERA, Maire de Cléon d’Andran ainsi que de nombreux élus des communes environnantes.
Le Comité de Montélimar, était représenté par le Général Alain ROCHE, le docteur André ALLAND, Vice-président, Monsieur Jean-Jacques AYZAC, Monsieur Thierry CORNILLET, Madame Annie PEZ, Monsieur Louis BOREL et Monsieur et Madame FABRE. Notre drapeau était porté par Monsieur Jean-Claude LAUNAY. Etaient excusés, le Général Christian VANDUYNSLAGER, Président de la Section SMLH de la Drôme, le Médecin général Louis BIARD, Vice-Président honoraire, le Lieutenant-colonel Christian AFFRE, Président du Comité Drôme Nord Tain, Madame Monique MARTINEU, Secrétaire-trésorière, le Colonel Gilles MICHEL, Madame Pierrette GARY, Monsieur Jacques PAYEN.
En raison du respect des règles sanitaires liées à la Covid 19, nombreux de ses amis sont restés, recueillis, à l’extérieur de l’église de Cléon d’Andran, sous la pluie et dans la froidure de cet après-midi du 12 février 2021.
Vous trouverez ci-après les éloges funèbres prononcés par le Général Alain ROCHE, ainsi qu’un acrostiche de Monsieur Gilbert SAUVAN qu’il avait lu lors du repas de cohésion du 18 octobre 2013.
Société Des Membres De La Légion D'Honneur
In memoriam.
Général Alain ROCHE
Hommage rendu à Monsieur Gilbert SAUVAN par le Général Alain ROCHE
12 février 2021 Cléon d’Andran
Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à un époux, un père, un grand père, un arrière-grand-père, un frère d’armes, un grand soldat, un grand Monsieur, Monsieur Gilbert SAUVAN. Beaucoup auraient souhaité être présents cet après-midi pour lui dire au revoir aux côtés de sa famille, ses proches, les autorités politiques et militaires, les porte-drapeaux. La COVID 19 en a décidé autrement. Chers amis, Il me revient de retracer, le parcours militaire et de résistant d’un soldat de la liberté. Soyez sûrs que tous les Présidents d’associations patriotiques, telles que l’Union fédérale ou encore l’Anacr, auraient voulu lui rendre hommage aujourd’hui. Ils m’ont demandé d’être leur porte-parole.
Mobilisé et affecté au régiment d’infanterie alpine, à un peu plus de 20 ans, en juin 1940, Gilbert se retrouve quelques jours plus tard prisonnier. Il subit alors, dans le chaos de la guerre, humiliation, privation, camp de jeunesse dans l’Ain.
Démobilisé en février 1941, il crée un comité pour limiter les réquisitions en nourriture décrétées par l’armée allemande. Contrôlé, subissant des intimidations, par le service départemental du ravitaillement, à chaque fois et avec courage, il passe outre et continue d’œuvrer pour l’intérêt général. Le gouvernement de Vichy, sous la botte nazie, fait subir alors aux Français, la terreur, la peur du lendemain, les souffrances, les tortures, les déportations et la mort.
Pour Gilbert, cette situation est insoutenable. « Ohé partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme. Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes ». Ces mots de Joseph Kessel et de Maurice Druon du chant des partisans résonnent en Gilbert SAUVAN et ne le quitteront plus. Pendant les années d’occupation, 43 et 44, il est en relation étroite avec Jean JOUVE, un ami de Dieulefit, membre du réseau de résistance Buckmaster-Jockey de Francis CAMMERTS, distingué en particulier lors d’une opération de parachutage à Cléon d’Andran en septembre 1943. En février 1944, refusant d’être embrigadé par le STO, étendu à tous les hommes de 16 à 60 ans, Il rejoint les Forces Françaises de l’intérieur, à Vesc, au sein de la 12ème compagnie de l’Armée Secrète. Seul à posséder un vélo, il est naturellement désigné agent de liaison entre les maquis de Bourdeaux et de Bouvières.
Son engagement de maquisard le conduit à agir dans de nombreuses communes : Cléon d’Andran bien sûr mais aussi La Bégude de Mazenc, Dieulefit, Souspierre, Vesc, Poët-Laval, Taulignan, Aleyrac, Crest, Félines, Bourdeaux, La Coucourde, L’Homme d’Armes et bien d’autres villes et villages : Caches d’armes, transport de munitions et d’armes cachés dans des tombereaux, tirés par des mules, coups de main sur la Nationale 7 entre autres.
En août 1944, il se retrouve avec ses camarades sur la route Napoléon : objectif ; libérer Grenoble. La capitale du Vercors recouvre la liberté le 22 août. Clelles, Pont de Claix et Vif sont également libérées ; Vif ou le musicien SAUVAN joue de son clairon fétiche pour annoncer à la population enfin la délivrance et la fin du cauchemar. Quelques heures plus tard, dans le clair-obscur d’un petit matin d’un jour du mois d’août, il embarque dans un camion avec ses amis pour rejoindre la zone de combat en vallée du Rhône. En traversant Cléon d’Andran, il demande au chauffeur de s’arrêter quelques instants pour recueillir des informations : 3 civils et 2 maquisards viennent d’être tués. Une jeune fille s’approche, Germaine Vincent. Il lui demande à boire et la suit pour rejoindre un puits. Ce jour-là, Gilbert SAUVAN ne pouvait savoir que 5 années plus tard il allait épouser Germaine.
Je ne puis retracer en quelques secondes tous les faits d’armes de Monsieur SAUVAN qui était un homme aux multiples talents. Brave parmi les braves de la deuxième guerre mondiale, musicien, poète, homme politique, visionnaire, il était aussi écrivain. Il a écrit de nombreux ouvrages mais il en est un que je vous invite à lire ou à relire. Il rejaillit comme une flamme éternelle dans ce monde dans lequel nous vivons en permanente turbulence : Le Clairon de la liberté : un ouvrage au vécu émouvant du jeune maquisard Gilbert SAUVAN.
Monsieur le Président, nous vous devons tous le respect. Vous demeurerez pour nous tous et la jeunesse en premier lieu, un guide, une étoile à suivre. Vous serez pour toujours, l’étendard des plus belles valeurs de l’humanité. Aujourd’hui nous déplorons votre départ. Vous avez au cours de votre existence conduit une œuvre remarquable. Vous avez eu une vie exemplaire. Merci pour ce que vous avez fait, merci également à votre épouse qui vous a soutenu et aidé tout au long de votre vie de soldat et d’homme. Madame, je mesure pleinement votre investissement au cours de la carrière de votre époux et la place essentielle que vous avez tenue aux côtés de votre mari.
Madame SAUVAN, très chère Germaine, tous vos proches, nous tous, nous pouvons être fiers de ce qu’a réalisé Monsieur Gilbert SAUVAN, votre époux, votre père, votre grand-père, votre arrière-grand-père, notre ami, notre frère d’armes. C’était un homme volontaire, possédant les plus belles valeurs humaines qui peuvent être les guides de chacun d’entre nous.
Monsieur Sauvan, vous étiez Médaillé de la Reconnaissance de la nation, Médaillé d’argent de la Jeunesse et des Sports, Officier des Palmes académiques, Commandeur de l’Ordre du Mérite Agricole, titulaire de la Croix de guerre, Chevalier de l’Ordre National du Mérite, Chevalier de la Légion d’honneur, dont vous aviez gravé dans votre cœur la devise, Honneur et Patrie. Au revoir Monsieur le Président, au revoir Monsieur le Maire, vous étiez et vous demeurerez pour nous tous un grand Soldat et un grand Monsieur.
ACROSTICHE
SOCIETE DES MEMBRES DE LA LEGION D’HONNEUR
COMITE MONTELIMAR PIERRELATTE
Sous la houlette du distingué Président,
Officier Supérieur, Général Eminent,
C’est chez l’ami LOULOU, comme nous légionnaire
Ici dans ce haut lieu, nommé Relais du Serre,
En ce jour que nous sommes unis et rassemblés
Tous en chœur, Amis et Membres Associés,
Et celles et ceux dotés de la Légion d’Honneur,
Distinction qui témoigne et sacre des valeurs,
Enchantés par l’accueil d’un LOULOU chaleureux,
Sachant qu’avec Odile, tous deux sont merveilleux,
Mais oui, je les connais depuis l’adolescence,
Et d’ODILE et LOULOU, j’ai suivi l’existence,
Métrée de DIEULEFIT, jusqu’au Relais du SERRE,
Bastide où ils déploient leurs talents culinaires…
Réjouissons-nous de l’ambiance conviviale
Eclairant notre cœur dans l’entente cordiale
Sous les heureux auspices de la Société
Des Membres qui, présents, composent l’Assemblée
Et qui du Comité MONTELIMARA/PIERRELATTE,
Légitiment l’action conduite qu’ils constatent,
Avec le président, les membres du Bureau
La Société hisse fièrement le drapeau
Et son rayonnement grandit, se développe
Grâce aux initiatives prises qui l’enveloppent
Il est un mot précieux, dans le vocabulaire
On peut le rappeler, c’est le mot « Solidaires »
N’est-il pas le support, l’assise, le levier
Des actes que la vie nous dicte d’assumer ?
Hardiment, afin que la Solidarité
Offre par ses vertus les secours espérés…
Nombreuses sont en France les associations
Nourries par des moyens permettant ces actions
Et grâce aux fondations qui généreusement
Usent de leurs bienfaits, les dons sont importants.
Reflet de notre histoire, depuis les temps romains
Ce sont des chevaliers d’Honneur, qui, en chemin,
Orientent leurs pas vers un progrès social
Motivés, ils aspirent atteindre un idéal !
Institution noble, c’est la Chevalerie
Tous sont des chevaliers qui mettent leur génie
Ensemble au Moyen-âge, au service du Droit
Militairement c’est l’Honneur qui fait la LOI
On sait qu’ils protégeaient les Faibles. De ce fait
Nos chevaliers étaient brillamment célébrés
Très actif, BONAPARTE, dans un je de Lumière
Entreprit de réduire les ordres militaires
Les Ordres Religieux, afin de distinguer
Indifféremment ceux qui par leurs qualités
Mais surtout leurs valeurs avaient contribué
A donner au pays, PAIX et PROSPERITE
Reconnaissance qui, par la Légion d’Honneur,
Propulsait les promus dans les rangs des meilleurs.
Il est à noter que ce sont les invalides
Et le Camp de Boulogne, les lieux où se président
Remises officielles de la décoration
Récipiendaires émus par cette distinction
Et c’est la perspective d’une rente annuelle.
Les soldats de l’Empire flattés prenaient des ailes
Aujourd’hui en ce lieu, à l’âme hospitalière
Très heureux de l’accueil et de la bonne chère
Tissons des vœux pour que nous soyons tous présents
Encore l’an prochain. Merci cher Président
Au relais du SERRE le 18 octobre 2013
Gilbert SAUVAN