Obsèques du capitaine Robert VERBREGHE

19 novembre 2017

Ce Lundi 20 Novembre 2017 ont eu lieu, en l'Eglise de SAVASSE, les obsèques du capitaine Robert VERBREGGHE.

Nous représentaient à cette cérémonie, les membres du bureau, le Général Alain ROCHE : Président, le Général Alain GILBERT : Président Honoraire, le Docteur André ALLAND, Vice-président, Madame Monique MARTINEU, Secrétaire-trésorière,le Lieutenant Claude GORCE, Monsieur Jean-Jacques AYZAC et Madame Pierrette GARY, avec comme porte drapeau,  Monsieur Jean Claude LAUNAY : Porte-drapeau Légion d'Honneur, Monsieur Guy LORRAIN : Porte-drapeau Médaille militaire, et Lieutenant Jean-Claude BERNARD : Porte-drapeau ACUF .

On notait également la présence du Colonel Vincent CAMUGLI,du Colonel DUFOURT, du Colonel Gilles MICHEL, de Madame Yvette DOLOU, et de Madame Claudette GARDETTE, membres du Comité de Montélimar, ainsi que Madame ROCHE et Madame MICHEL .

Vous trouverez ci-dessous le texte de l'allocution prononcée par le Général Alain ROCHE.

 

" Madame, chère Maguy, nous sommes réunis aujourd'hui pour rendre hommage à votre époux, mais aussi à un père, un grand père, un arrière grand-père, à un grand soldat, à notre frère d'armes. Nous avions prévu le médecin général BIARD et moi-même d'aller dire au revoir à notre camarade, jeudi dernier, 16 novembre, à Bourg-Saint Andéol. Le destin des hommes en a décidé autrement. Le capitaine VERBREGGHE avait rendu son dernier souffle en milieu de nuit à l'âge de 92 ans. Mon capitaine, cet après midi, nos porte-drapeaux, sont à vos côtés en véritables frères d'armes et je les en remercie. Ce drapeau de la France pour lequel et avec lequel vous avez combattu dans d'années.

 

            Le capitaine VERBREGGHE était l'un de ses derniers hommes à avoir combattu vaillamment au cours des trois derniers conflits : la deuxième guerre mondiale, l'Indochine et l'Algérie. Son parcours force l'admiration et le respect. Aujourd'hui, j'ai choisi de mettre en lumière ce qui m'a semblé être les plus belles lignes de son livre de soldat.

            Le Capitaine VERBREGGHE totalisait près de 39 années de services dont 30 en activité. Engagé volontaire, à 18 ans, le 22 novembre 1943, pour une durée de 3 ans au titre de l'Ecole de la garde, il participe avec le maquis du Tarn à la libération de Gaillac et de Castres. L'Ecole de la garde avait été créée en 1943, pendant l'occupation pour régénérer, en secret, le futur encadrement de l'Armée de la revanche. Elle est passée en totalité au maquis le 7 juin 1944. Après une affectation à l'encadrement du cours des "conducteurs-tireurs de chars" à Saumur en avril 1945, le maréchal des logis VERBREGGHE rejoint l'Ecole de cadres interarmes de Langenarden en Allemagne jusqu'en septembre 1946 où il fournit un travail remarquable.

Quatre mois plus tard le maréchal des logis VERBREGGHE, affecté alors au 11ème régiment de cuirassiers à Orange, se porte volontaire pour combattre en Extrême-Orient. Il est alors chef de groupe en février 1947 puis officier adjoint au sein du 1er escadron de reconnaissance du Cambodge. Après trois années passées en Indochine, il retrouve la France pendant quatre mois et l'Allemagne pendant six mois puis se porte à nouveau volontaire, hors tour, pour un deuxième séjour en Extrême Orient. Arrivé à Saïgon pour servir au 1er Régiment de chasseurs, en avril 1951, il fait preuve dans son rôle d'adjoint au chef de compagnie de commando, d'une ferme autorité et d'un courage indéniable. Le 9 mai 1952 sa vie a failli basculer. A quelques millimètres près, la balle qui atteint alors la partie postérieure de son cou aurait pu conduire notre frère d'armes à rejoindre, quelque part dans le Tonkin, à Bui-Khé, les 60 000 morts de la guerre d'Indochine. Chef de peloton hors pair, sa belle attitude au feu lui vaut, au cours de cette année 1952, trois superbes citations dont deux à l'ordre du corps d'armée et une à l'ordre de la division avec l'attribution de la Croix de guerre.

            Placé en position hors cadre il assure ensuite l'encadrement des forces supplétives à la 225ème Compagnie de supplétifs militaires. Rapatrié le 27 octobre 1953, il peut profiter alors d'un congé de fin de campagne et colonial mais pas pour longtemps. En Indochine les combats s'intensifient. La bataille de Dien Bien Phu a commencé le 13 mars 1954. Le Maréchal des Logis chef est rappelé six mois après son arrivée à Toulouse pour accomplir un troisième séjour en Indochine. Arrivé au Centre d'Etudes militaires à Hanoï le 3 avril 1954, il sert avec brio au sein du 6ème Régiment de spahis marocains comme adjudant d'escadron à partir du 1er février 1955. Sa belle conduite au feu lui vaut l'attribution de la Médaille militaire le 16 juillet 1955, pour, je cite, « Services de guerre exceptionnels ». 

            A peine, quinze jours plus tard, il quitte l'Extrême-Orient et gagne l'Algérie le 3 août 1955. Chef de peloton à cheval, puis sous-officier adjoint, il commande les sections autochtones des 4ème  et 16ème  Groupes de compagnies nomades algériennes.

            En service au 5ème  Régiment de hussards en Allemagne le 14 février 1958, il est promu adjudant le 1er octobre 1958, admis dans le corps des sous-officiers de carrière en novembre et rejoint l'Ecole d'application de l'arme blindée et cavalerie en octobre 1960 en qualité d'élève officier d'active.

            Il accède à l'épaulette le 1er août 1961. Directeur du peloton d'élèves caporaux au 1er Régiment étranger jusqu'en novembre, sportif de haut niveau, il réussit parfaitement dans son rôle d'adjoint au commandant d'un escadron de 1961 à 1963 au 1er Régiment étranger de cavalerie. Lieutenant en août 1963, il assure, après avoir suivi le stage d'officier mécanicien des corps de troupe la tâche d'officier mécanicien en Algérie depuis le 1er septembre 1965. Elément de grande valeur, il est unanimement reconnu au sein du 3ème Régiment de cuirassiers où il arrive le 1er juillet 1968. Capitaine le 1er octobre 1968, il prend le commandement de l'Escadron de commandement et des services le 15 septembre 1970. Il est, à l'issue d'un stage personnel, admis à faire valoir ses droits à pension de retraite le 30 décembre 1973.

            La guerre d'Indochine a éclaté le 19 décembre 1946. Mon Capitaine, vous avez été parmi les premiers à rejoindre ce théâtre d'opérations. Au cours de ma vie je n'ai jamais rencontré de soldat qui ait foulé le sol indochinois, en 1947, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54 et 55, c'est à dire toute la période du conflit, en 81 mois suivie de 68 mois en Algérie en trois séjours. C'est tout simplement prodigieux et exceptionnel.  

            Mon capitaine, je sais que vous ne me tiendrez pas rigueur d'avoir omis de nombreuses pages de votre œuvre militaire. Je me suis attaché aujourd'hui à les synthétiser au mieux et je sais que votre famille pourra lire ou relire vos états de service et peut-être découvrir des facettes jusqu'alors cachées de votre engagement exemplaire.

            Après avoir quitté le service actif, le Capitaine VERBREGGHE a continué à servir encore 9 années au sein des Réserves. Au cours de cette période, il a été Directeur de la prévention routière à Strasbourg. Officier de cavalerie, il avait une passion celle des chevaux, En cavalier émérite il était adhérent de l'association la Drôme à cheval et avec sa dernière jument Hirondelle il avait largement  parcouru sa belle région d'adoption.

            Mon capitaine, votre nom et le mien ont au moins deux points d'union symboliques : le premier est notre jour de naissance commun avec seulement quelques années de différence, le deuxième est notre filiation à la Croix de la légion d'Honneur. L'année du Bicentenaire de notre premier Ordre national, en 2002, le colonel G        ARDETTE, Président alors de l'ACUF, Association des Combattants d'Union Française, dont vous étiez membre depuis longtemps, vous remettait la Croix de la Légion d'Honneur le 14 juillet pour les services éminents que vous aviez rendus à notre pays. Vous deveniez alors notre Porte-drapeau. En même temps, à Montélimar, un autre légionnaire, le Lieutenant de vaisseau, Emile Roche, mon père, en fin de vie s'éteignait, il avait porté le drapeau pendant près de 20 ans, l'avait confié ensuite au capitaine DELOCHE. Continuité du destin des hommes, continuité de notre drapeau, continuité de la légion d'Honneur, tout cela n'est certainement pas le fruit du hasard.

            Depuis quelques années, vous meniez un combat inégal, face à la maladie. Vous vous êtes battu avec toutes vos armes et la force de votre âme. Je suis fier d'avoir pu vous remettre, autre signe du destin, 10 ans plus tard, en décembre 2012, le Diplôme d'Honneur de Porte-drapeau, signé par le Président national de la Société des membres de la Légion d'honneur, le général GOBILLARD. Ce diplôme au-delà de tous les mérites qui vous avaient déjà été reconnus, cristallisent à mes yeux la magnifique œuvre que vous avez accomplie. 15 jours plus tard, votre santé se dégradait subitement au moment des fêtes de Noël. Depuis lors avec l'accompagnement exemplaire et permanent de votre épouse Maguy, votre compagne de 37 années, vous avez connu en alternance, les hôpitaux et votre domicile puis un centre médicalisé à Bourg-St-Andéol où vous vous êtes éteint jeudi dernier.

            Madame, vous tous, il est des hommes qui naissent pour porter très haut les valeurs de l'humanité, dans la droiture, le respect des autres, le courage, la volonté et la modestie. Le capitaine VERBREGGHE fait partie de ceux-là.

            Mon capitaine, vous aviez un caractère réfléchi, pondéré mais audacieux et plein d'allant. Votre modestie n'avait d'égal que votre courage.

            Aujourd'hui nous déplorons votre départ mon capitaine. Vous étiez un homme droit, rigoureux et courtois. Merci pour ce que vous nous léguez, nous sommes tous fiers et honorés de vous avoir connus.

            Vous étiez porteur de 12 médailles dont la Légion d'Honneur, la Médaille militaire, la Croix de guerre, la Croix du combattant volontaire et trois citations.

            Au revoir mon capitaine, au revoir mon frère d'armes. Vous aviez la e. Vous étiez et vous demeurerez pour nous tous un immense soldat et un grand Monsieur."

 

                                                                                  Savasse, le 20 novembre 2017.

Autres photos de la cérémonie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour aux articles