Obsèques de Gérard BAUBIET

8 août 2025

            

Notre ami Gérard BAUBIET, viens de nous quitter.

C’était un fidèle des cérémonies patriotiques, en particulier celles relatives aux déportés ou aux résistants, car il avait pris naturellement la suite de Marcelle son épouse.

Il était devenu membre du Comité de la Légion d’Honneur de la Drome Provençale sitôt survenu le décès de Marcelle qui était « Officier ».Il était adjudant-chef, il avait la médaille militaire (décret du 7/1/1964), la médaille coloniale agrafe E.O , la commémorative AFN agrafe Algérie, en Indochine il avait été gravement blessé en service commandé sur la route Dond Dang Lang Sou le 2 septembre 1949.

                               

Ses obsèques ont eu lieu à Pierrelatte le vendredi 8 aout.

Le Comité de la Légion d’Honneur était représenté par le lieutenant-colonel Marcel SIRDEY, Suzanne FRA et son conjoint.

                                                          

Son fils Stéphane a pris la parole pour un émouvant panégyrique sur Gérard.

 

 Papa,

Le premier mot qui me vient à l’esprit est MERCI pour cette belle vie que tu nous as offerte, remplie d’amour, de tendresse et de bonheur. 73 années de vie commune partagées avec maman, si ça ne donne pas envie c’est à ne rien y comprendre. MERCI encore pour cette vie de tous les jours qui a cheminé parfois avec difficultés et contraintes. Se séparer de celle qu’on aime après quelques semaines de mariage pour partir deux ans et demi faire la guerre en Indochine d’où tu as failli ne pas revenir, c’est compliqué. Le sabotage de ta jeep et l’accident qui s’en est suivi a tué ton compagnon de route et t’a plongé dans un coma profond d’où tu t’es réveillé mais en ayant quand même reçu l’extrême onction. A ce propos et avec malice, tu avais d’ailleurs dit « mais moi je suis déjà mort !! ». Comme tu me le rappelais encore il y a peu, c’était une période de votre vie que maman avait du mal a aborder, cette séparation a été douloureuse pour elle comme pour toi et les souvenirs n’étaient pas des souvenirs partagés. Ce fut ensuite un retour en France, et les retrouvailles avec « ma mie », en deux mots comme tu aimais me le rappeler. Puis affectation en Allemagne à Offenburg toujours dans la cavalerie, ou Jean-Claude est né et malheureusement décédé quelques jours plus tard. Une première épreuve qui a marqué votre vie, toi en particulier qui l’a découvert dans son couffin. Cela explique la raison pour laquelle tu n’es plus jamais allé voir un enfant qui dort dans son lit. On peut comprendre le traumatisme. Par bonheur l’année suivante l’arrivée de Joëlle, vous a permis de reprendre le cours de votre vie. Les années qui suivirent, l’armée toujours et plusieurs séjours en Algérie alors en guerre, certains accompagnés de maman, et certains même accompagnés de maman et Joëlle !! En 1963, 10 ans après la naissance de Joëlle, je suis arrivé à l’improviste !! Cette même année tu quittes l’armée à Orange, pour intégrer le CEA et déménager d’Orange à Montélimar. C’est en 1967 que nous devenons pierrelattins, tout d’abord à la roseraie, ou tu te plaisais à dire que tes voisins du cimetière étaient discrets !! C’est en 1977 que votre projet de construction aux plantades aboutit. Une belle maison fonctionnelle dont tu avais la fierté d’avoir réalisé les plans simplement signé par un architecte sans aucune correction. Cette maison vous en avez pris soin, elle représentait tellement pour vous, qu’aujourd’hui encore c’est un lieu plaisant, serein et dans un état remarquable. C’est en 1983 que tu prends la décision de mettre un terme à ta carrière professionnelle malgré la perspective d’une belle évolution qui s’offrait à toi. Les années qui suivirent, vous les avez consacrés à votre famille, vos enfants, vos petits-enfants, vos amis et avez fait un certain nombre de voyages, avec une préférence marquée pour les Antilles. Durant toutes ces années, la vie vous a préservés jusqu’à ce 1er janvier 2003 ou Joëlle nous a quittés brusquement à 49 ans, laissant Maud et Charles déjà adultes mais trop tôt orphelins et Bernard veuf à un âge ou on ne doit pas l’être. Ce nouveau drame, à nécessairement renforcé nos liens et notre proximité. Vous n’étiez pas seuls puisque j’étais là, mais combler la perte d’un enfant est impossible. Cette proximité également géographique, nous a permis de partager de nombreux instants, tant à Pierrelatte qu’à l’Etrat. Les anniversaires, la fête des pères et la fête des mères, Noël bien sûr et le 1er janvier évidemment, étaient des rendez-vous incontournables. Tous ces moments étaient prioritaires sur le reste, et pour le reste il y avait toujours de nombreux moments de retrouvailles sans qu’il y ait une raison particulière si ce n’est être ensemble. La vie a filé, jusqu’à ce 28 janvier 2022 ou maman nous a quitté l’esprit toujours aussi vif mais physiquement fatiguée par les turpitudes de sa vie. MERCI encore pour ces dernières années que vous avons vécu si proche. Nos week-end tous les quinze jours à Pierrelatte, nos appels bi quotidiens moi vers midi, et toi à 20H45 précises, rigueur militaire oblige, rythmaient nos vies. Bien sur les premiers temps, après le départ de maman n’ont pas été faciles. Combien de fois m’as-tu dit que tu te surprenais dans le salon ou encore dans la cuisine, à lui parler ou à l’appeler, sans réponse bien entendu. La solitude n’est pas simple, qui plus est quand on est à un âge avancé. Mais toi comme maman vous avez toujours fait preuve d’abnégation, vous n’avez jamais rien lâché et là encore au fil du temps ton attitude et ton comportement m’ont bluffé. Je n’étais d’ailleurs pas le seul à l’être. Comment ne pas être ébahi devant quelqu’un qui n’avait jamais cuisiné de sa vie, et qui sur ses vieux jours s’est mis à le faire. Le plus étonnant, c’est que c’était bon !! Ton taboulé a marqué notre mémoire gustative, sans oublier cette merveilleuse soupe de légumes dont nous nous délections chaque hiver, j’en salive encore. Le choix des légumes était un véritable projet. Pour cela, tu sélectionnais tes commerçants que tu visitais avec ta super cinq il y a 3 semaines encore. A ce titre on aurait pu s’inquiéter de te savoir toujours conducteur. En fait non, car tu as toujours été prudent et raisonnable, décidant de toi même de ne plus emprunter les grands axes pour se cantonner uniquement à des déplacements citadins en toute sécurité. Le sport était également bien présent dans nos échanges, avec une préférence pour le football bien sûr, notre passion partagée et chaque été le Tour de France. Ce Tour de France tu ne faisais pas que le regarder. Tu accompagnais les coureurs sur ton vélo d’appartement avec tes 10 km quotidiens, été comme hiver. Comme tu l’as reconnu avec humour, la dernière étape alpine 2025 à quand même été plus facile pour toi que pour eux !! Ton quotidien au-delà de nos propres rendez-vous, était également rythmé par une présence sans faille de tes voisins si exceptionnels que sont Dadou, Mady, Claude et Jean-Claude. Nous avions notre protocole, mais le leur n’était pas mal non plus. Ce lien social est essentiel, leur présence déterminante jusqu’à tes derniers instants. Mille mercis ne suffiront pas, tellement ils étaient essentiels dans ta vie. Je n’oublierai pas non plus de joindre à mon propos, Zahia, Nurten et Christian ton kiné qui eux aussi t’ont apporté tant de réconfort. Tu aimais tellement la vie, alors comment expliqué que nous nous retrouvions aujourd’hui autour de toi. Ces soucis cardiaques, t’ont plus que préoccupé, en particulier depuis que nous avions rencontré ensemble ton cardiologue qui nous avait tout expliqué clairement et simplement. Il a posé des mots sur un diagnostic. Avec le recul je suis persuadé que cet état de fait a généré un état de stress qui n’a fait que s’accroitre. Dire que l’on n’avait pas vu serait mentir, mais identifier que cela irait aussi vite, on ne l’a pas vu venir. Te voilà maintenant auprès de Maman, Joëlle, Jean-Claude et de tous vos amis auxquels vous teniez tant et qui étaient partis bien trop vite selon tes propres mots. Tu as la réponse a cette question qui te turlupinait à propos de la mort. Moi aujourd’hui j’ai la chance d’être entouré de mon, épouse Marie-Nathalie et de mes enfants mais il me manque l’épaule de Joëlle dont j’aurais tant besoin pour partager cet immense tristesse et chagrin qui sont les miens. Je t’aime papa. Je t’embrasse affectueusement fort. Tu me manques tellement. J’ai dit !!

 

Adieu Gérard

                                  

                                       

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