Monsieur BRUNET René Jean, résistant et membre d'une association d'anciens combattants, 81 ans de services a été nommé par décret du Président de la République, en date du 3/07/2024 portant nomination dans l'ordre national de la Légion d'honneur, pour prendre rang à compter de la date de réception dans son grade.
La cérémonie de décoration s'est déroulée le 1 mars 2025 à son domicile, en présence de ses proches, des représentants des associations mémorielles de Romans Bourg de Péages, de la Présidente Nationale du 11 Cuirassiers, du président du comité SMLH et de leurs drapeaux.
Le "délégué" de la Grande Chancellerie qui a procédé à la remise de la décoration est le Lcl (er) Didier DENANS, Officier de la Légion d'Honneur et membre du comité "Drome des Collines Vercors" de la SMLH dont vous pouvez lire le discours ci dessous.
Discours de remise de la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur à Monsieur Jean BRUNET
Mesdames et messieurs les présidents et représentants d’associations patriotiques
Messieurs les Porte-drapeaux
Mesdames, messieurs
Chers amis,
Merci de nous faire l’honneur de votre présence, pour rendre hommage à un homme dont l’engagement, la bravoure et la dignité sont des exemples vivants pour notre pays.
Monsieur Jean BRUNET, vous recevez aujourd’hui la plus haute distinction de notre pays, la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur. Ce moment solennel n'est pas simplement une remise de décorations. Il incarne la reconnaissance de votre parcours exceptionnel, en tant que résistant et combattant durant la Seconde Guerre mondiale, ainsi que de votre engagement sans faille à transmettre le devoir de mémoire.
Né le 25 mars 1927 à Pont-en-Royans, au pied du massif du Vercors, vous avez grandi dans une région qui allait marquer profondément votre destin. Dès la fin de votre scolarité, vous entrez dans la vie active, et êtes embauché en 1942 comme apprenti, de votre village natal. Désigné pour partir en Allemagne dans le cadre du S.T.O., vous parvenez, grâce à l’appui de votre frère Pierre, employé dans une scierie industrielle à Ambel, à y être affecté. Cette exploitation joue un rôle crucial : lieu d’asile pour les réfractaires au S.T.O. elle constitue également un foyer actif de la résistance locale, procurant une couverture officielle à ses activités. En mai 1944, cette scierie fait l’objet d’un mitraillage aérien par les forces nazies ayant découvert son implication dans l’approvisionnement en hommes, en armes et en matériels des maquis du Vercors.
En juin 1944, vous quittez définitivement votre poste de travail et rejoignez les rangs des maquisards. Vous prenez part aux activités du camp implanté au lieu-dit « Bernerie », placé sous le commandement du Capitaine FAYARD. Chargé d’assurer les liaisons entre Pont-en-Royans et le poste de commandement de ce maquis, vous participez également au transport de la correspondance, à la diffusion de journaux clandestins et à certaines opérations de parachutage.
Après l’attaque générale du massif du Vercors par les troupes aéroportées allemandes, le 21 juillet 1944, votre groupe de maquisards est contraint de se disperser. Vous trouvez refuge, avec quelques camarades, dans une cache improvisée à Choranche, échappant ainsi aux nombreux massacres et rafles perpétrés en ces heures tragiques.
Mais vous n'avez pas hésité à reprendre les armes : un mois et demi plus tard, vous rejoignez le 11ème Régiment de Cuirassiers, rattaché à la 1ère Division française libre de la 1ère Armée, où vous êtes chargés de la maintenance du parc automobile. Avec ce régiment, vous êtes envoyé à Royan en Charente-Maritime, puis participez à la libération de Strasbourg en novembre 1944. Engagé dans les campagnes des Vosges et d’Alsace, vous affrontez les rigueurs de l’hiver et vivez l’épopée des Vosges dans des conditions éprouvantes. A partir du 3 septembre 1945, vous êtes incorporé au sein des troupes françaises d’occupation en Allemagne jusqu’au 27 novembre 1945.
Vous avez été décoré :
- De la Croix du Combattant Volontaire de la guerre de 1939-1945
- De la Médaille commémorative française de la guerre de 1939-1945
- Et de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance
Libéré, après la guerre, vous menez une carrière variée, successivement épicier-droguiste, gérant de coopérative, représentant en machines à coudre, - à vélo ! -, puis cadre commercial à la concession Renault de Romans-sur-Isère.
En 1987, après avoir fait valoir vos droits à la retraite, vous vous consacrez pleinement à la transmission des valeurs qui vous sont chères, la cause des anciens combattants et à la préservation du devoir de mémoire. Vous avez su garder vivante la mémoire de la résistance et des sacrifices faits par ceux qui se sont battus pour notre liberté.
Trésorier des "anciens du 11ème Cuirassiers" dès la création de l’association en 1947, vous en prenez la présidence nationale en 1999, rôle que vous avez occupé avec un dynamisme remarquable. Sous votre présidence, vous avez, notamment, porté l’initiative de l’édification, à Romans-sur-Isère, d’un monument commémoratif à la mémoire des combattants du 11ème régiment de cuirassiers. Inauguré le 20 mai 2000, il symbolise, dans la cité, le souvenir de ce régiment, qui a participé aux combats pour la libération en 1944. Vous avez également initié le parrainage entre la ville de Romans-sur-Isère et le régiment.
Votre engagement ne se limite pas à cette seule association. Trésorier pendant des décennies de l’association des "Pionniers et combattants volontaires du maquis du Vercors", vous en avez assumé la co-présidence depuis 2001. En 2008, vous organisez une grande manifestation historique en hommage aux maquisards et à la population civile de cette région, massacrés par les nazis ou tombés les armes à la main pour la libération de la France, avec le soutien du Conseil général de la Drôme et la participation des élèves des collèges du département.
Vous avez été également vice-président de la section Drôme-Ardèche de l’association "Rhin et Danube", créée en mémoire des anciens de la 1ère Armée Française.
En 2003, vous fondez l’amicale "Union et Fraternité", fédérant 8 associations d’anciens combattants de la région de Romans-sur-Isère en réponse à la décroissance des effectifs de certaines associations locales. Vous assurez sa présidence dès 2006.
Par ailleurs, vous avez également occupé les fonctions de vice-président du comité de Romans/Bourg-de-Péage de "l’Union Fédérale des Anciens Combattants" et du comité d’entente des associations patriotiques de Romans-sur-Isère.
Membre du Conseil départemental et de la commission "Solidarité" de l'Office départemental des Anciens Combattants de la Drôme, vous avez consacré votre énergie et votre expérience au service des anciens combattants.
Enfin, vous avez été administrateur du "Musée historique de la Résistance et de la Déportation" de Romans-sur-Isère, membre du Comité scientifique de la ville et membre du jury du concours de la résistance.
Par votre implication sans relâche dans ces multiples associations, votre sens du devoir et votre passion pour la transmission de la mémoire, vous avez œuvré pour que le sacrifice de ces hommes et femmes ne soit jamais oublié.
C'est un héritage que nous continuerons, nous aussi, à honorer et à transmettre.
Mais au-delà de votre parcours et de votre engagement, vous êtes également un homme profondément humain, un père, un grand-père et un arrière-grand-père attentif et bienveillant. Marié durant 47 ans avec Andrée, vous avez eu trois filles : Marie-Claude, Annie et Corinne, trois gendres : Michel, André et Just, ainsi que 7 petits-enfants et 6 arrière-petits-enfants. Vous avez toujours été un père et un grand-père très attentionné, veillant toujours à préserver l'unité et l’harmonie familiales. Vous aimez réunir vos proches, famille comme amis, pour partager des moments chaleureux et inoubliables.
Permettez-moi de rappeler une pensée prononcée à l’occasion de vos 90 ans :
« Peu importe l’âge, seule la jeunesse du cœur compte avec l’entourage d’une famille unie et de fidèles amis. »
Ces mots résonnent aujourd’hui comme le reflet de la force et de l’engagement qui ont marqué chaque étape de votre vie.
Enfin, je ne peux terminer, sans avoir une pensée émue pour le Colonel Moreau, qui nous a quitté brutalement le 16 décembre dernier et qui aurait dû vous remettre cette décoration aujourd’hui. C’est donc avec une profonde émotion et une grande humilité que je vais maintenant vous remettre votre insigne.
Monsieur Jean BRUNET, à travers cette Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur, c'est la République toute entière qui vous témoigne sa reconnaissance. Merci pour votre courage, merci pour votre engagement, merci pour votre exemplarité. Votre vie est un témoignage vivant de l’histoire de notre pays, nous vous en sommes infiniment reconnaissants et nous oblige à poursuivre cette mémoire.
Recevez, cette distinction, en signe de reconnaissance de tout ce que vous avez accompli et de tout ce que vous représentez.
Félicitations et merci.
Lieutenant-colonel de réserve Didier DENANS