79eme anniversaire de la libération d'AUSWITCH-BIRKENAU

27 janvier 2024

                         NYONS le 27 janvier 2024

Cérémonie en mémoire du 79eme anniversaire de la libération du camp d’extermination d’AUSWITCH-BIRKENAU.

 

                            

 C’est le 27 janvier 1945 que l’armée rouge libéra le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz, découvrant l’horreur de ce qui fut le plus grand génocide de l’histoire humaine. En arrivant, les Soviétiques découvrent 7000 personnes « quasiment mortes vivantes ». Rappelons-nous aussi les 1,5 millions de disparus dont 1,1 million de morts dans ce camp ils faisaient partie des 4,6 millions de morts juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

                             

La cérémonie a débuté par la chanson « NUIT et BROUILLARD » de Jean FERRAT interprétée          par la chorale  « LES OLIVIERS ».                            

                                                             

 

Apres l’allocution de monsieur le maire de NYONS nous avons écouté avec émotion la lecture d’une lettre écrite par René NIEL qui fut un des déportés, par la petite fille de celui-ci, a côté d’elle il y avait aussi le petit fils de René NIEL.

                                     

 

Monsieur le Maire,

A l’occasion de la commémoration de la libération du camp d’Auschwitz Birkenau, vous avez souhaité aussi évoquer le 80 ième anniversaire de la nuit du 21 au 22 janvier 1944.

Lors de cette nuit tragique des familles juives et des résistants ont été arrêtés à Nyons par la Gestapo et la Wehrmacht. Ce monument les réunit et nous rappelle leur sacrifice.

Notre grand-père René Niel faisait partie de ces résistants arrêtés. Grièvement blessé durant la grande guerre, il en gardait des séquelles. Il était ingénieur des travaux publics de l’état en poste à Nyons et, à ce titre, responsable du secteur entre Nyons et Verclause. Il a mis ses connaissances du terrain au service de la résistance. Dans les années 42-43 il a été chargé à divers reprises du relevé des plans de terrain d’atterrissage et de largage pour les services du groupe dit « Meyer Robert ». Il était lieutenant dans la 13ième compagnie du 4ième bataillon de l’armée secrète de la Drôme.

Nous ne pouvons malheureusement pas vous dire grand-chose sur ses compagnons d’infortune, résistants comme lui, Joseph Buffaven, Jules Martin , Franc Montlahuc, Eugène Mourier et Emile Souchon, si ce n’est qu’ils étaient des gens ordinaires, boulanger, coiffeur, commerçant, comptable, cordonnier. Nous savons aussi qu’ils ont été internés en même temps au fort de Monluc à Lyon puis à Royallieu près de Compiègne avant d’être déportés vers Mauthausen en Autriche le 22 mars 1944. Ils y arrivèrent le 25 mars. Aucun n’en est revenu.

Monsieur le Maire, en organisant cette cérémonie, vous avez aussi souhaité un témoignage. Les témoins directs de cette triste nuit ont tous disparus. Aussi, nous allons vous lire un texte que notre père, le fils de René Niel, a écrit il y a quelques années pour ses propres petits enfants, les arrières petits enfants de René Niel.

« Mon père René Niel est né en 1897 dans un village au pied du Vercors. Il fut mobilisé pour la première guerre et fut gravement blessé en 1917 par une grenade (le radius de son bras gauche fut arraché), il put récupérer partiellement l’usage de sa main gauche (grâce entre autre à l’usage de la mandoline).

En 1944, il était responsable en tant qu’ingénieur TPE de la circonscription de Nyons (sous-préfecture).

Il faisait alors partie du groupe de résistance « combat ». Son métier lui permettait de connaître parfaitement la région (entretien des routes, contacts avec de nombreux paysans) et lui permettait de détecter éventuellement des zones possibles du débarquement aérien des alliés.

J’avais 16ans ½ quand le 22 janvier 1944 à 0h20 retentit la sonnette de la porte. Je me réveillais. Je me précipite dans la chambre de mes parents qui sont déjà en train de s’habiller, je vais moi-même m’habiller. Mon père entrouvre le volet qui donne sur la balustrade pour essayer de fuir. Un coup de feu retentit et de violents coups de crosses dans la porte d’entrée ; de toutes façons, la maison est cernée ; mon père ouvre la porte et cinq individus se précipitent : deux de la gestapo (avec revolvers) et trois de la wermacht (avec mitraillette). La gestapo déclare que mon père est un terroriste et qu’elle va l’emmener après la fouille de la maison.

Nous avons tous les 3 les mains levées devant la menace des armes. Mon père me demande en demi-patois d’essayer de sortir par la porte nord, quand je pourrais, pendant la fouille de la maison. Mais à peine ouverte la porte, j’entends (en bon  français) :tirez !...

Je suis donc revenu dans la pièce.

Pendant ce temps les 3 soldats ont fouillé (succinctement ) la maison y compris le rez-de-chaussée et n’ont rien trouvé.

Avant d’être emmené mon père a demandé que j’aille lui chercher du tabac à la cave. Je l’ai fait avec le revolver d’un de la gestapo dans le dos et les bras en l’air.

Avant que mon père soit emmené, ma mère s’est agenouillée devant un des sbires en criant : « mon mari n’est pas un terroriste… je vous le jure ». Le sbire l’a bousculée, je l’ai aidée à se relever.

Puis mon père est parti entouré par les 5 soldats et policiers. Je ne l’ai plus revu.

Mon mère et moi nous retrouvons dans la cuisine, complétement brisés.

J’ai eu l’idée d’aller avertir monsieur Mandran, voisin et grand ami de mon père. En traversant le jardin, je le rencontrais qui venait prévenir mon père (il avait été réveillé par les coups de feu…) il s’est enfui rapidement. Peu après la gestapo vint chez lui, mais il n’était plus là. Sa femme leur dit qu’il était en mission pour la poste (dont il était receveur).

Ma mère fut traumatisée quand elle pensa qu’elle n’avait rien donné à manger et à boire à mon père avant son départ ; elle prépara deux sandwichs et un thermos de lait ; puis elle alla en ville en espérant retrouver mon père. Il en fut ainsi, il était dans un autocar de la maison Chion, plein et prêt à partir : il y avait également la famille Lazar, la famille Salmon et leurs 7 enfants (dont Rosie 10 ans et Francine 4 ans).

En 1935 quand notre famille s’installait Villa Sole Mio, deux familles juives sarroises s’installaient dans deux maisons prés de nous. Nous avons sympathisés avec les jeunes dont certains devinrent copains de collège et de pétanque.

Le 21 janvier 44, ils furent arrêtés par la gestapo (comme mon père)- Ils furent déportés vers Auschwitz ( convoi  n°69) où ils furent gazés et brûlés le 6 février 1944- Les voici :

Lise Salmon                18 ans

Ruth Lazar                  18 ans

Gunther Lazar            17 ans en classe de 1ère avec moi copain de pétanque

Kurt Lazar                   13 ans copain de pétanque

Werner Strauss          16 ans copain de pétanque

Rosie Salmon              10 ans

Francine Lazar            4 ans

Les parents firent partie du convoi, sauf le père Lazar (qui perdit son épouse et ses 4 enfants). Il voulut plus tard retourner en Sarre, son pays natal ; où il se suicida.

 

La gestapo avait sonné chez le garagiste Chion pour avoir un chauffeur ; mais celui-ci (qui avait deviné) s’était enfui et caché dans un caniveau. Madame Chion a appelé un chauffeur pour conduire l’autocar (tout cela sous menaces évidemment).

Devant l’autocar qu’elle avait trouvé ma mère fit signe qu’elle avait un sandwich et un thermos ; et le chauffeur vint les prendre et les remit à mon père qui les donna aux familles juive - Ma mère finalement menacée dut rentrer à la maison.

L’autocar emmena les prisonniers au Fort-Montluc à Lyon- Quand le chauffeur revint, le soir, il nous rendit visite pour nous expliquer le voyage ; il y avait une trentaine de personnes (et enfants) et des menaces permanentes des nazis contre toute tentative d’évasion.

Le chauffeur, gueule cassé de 14-18, nous ramena le portefeuille de mon père, à sa demande ; car il ne lui servirait à rien, il l’avait deviné.

Après son arrestation, nous reçûmes quelques mots de mon père : depuis le Fort de Montluc, la prison de Fresnes, puis Royallieu prison d’attente près de Compiègne, gare de départ vers les camps de déportation .

Une note jetée par mon père depuis le train en attente disait qu’il partait vers le Tyrol… euphémisme volontaire pour nous rassurer (en fait, vers Mauthausen, Autriche)

Cette note signée également par Mr Mourier déporté de Nyons, fut postée par un inconnu sympathisant. Elle était datée du 14 avril 1944.

Nous attendions désespérément et vainement des nouvelles de mon père. Renée, ma sœur, avait écrit début 45 un lettre au ministère de la guerre demandant des informations éventuelles à son sujet : une lettre arriva le 20 août 45 signalant que notre père était décédé le 21 août 44 (7 mois après son arrestation) à Hartheim, commando de Mauthausen, camp d’extermination. Il portait le N° 60366 ».

   Apres les dépôts de gerbes, la chorale des OLIVIERS a interprété « LE CHANT DES PARTISANTS et LA MARSEILLAISE ».

La cérémonie était terminée devant le monument souvenir. Dans un deuxième temps les participants à la cérémonie se sont rendus à l’ex collège ROUMANILLE pour se recueillir devant la plaque honorant les 6 jeunes déportés où des enfants ont énoncé les noms et âges de ces 6 collégiens morts en déportation.

 

   Cette cérémonie se réfère toujours à la plaque en mémoire de 6 collégiens (entre 11 et 19 ans) qui furent déportés le 21 janvier 1944 et morts à Auschwitz.

                

 

Cette plaque fut inaugurée le 26 mars 2017, cérémonie en présence de membres de la Légion d’Honneur dont Madame Lucile BROSSET, alors présidente du comité de Nyons, de Mme Marie Thérèse TASSEL, du général (2s) Pierre FRAPOLLI, du lieutenant-colonel (cr) Xavier MASSON- REGNAULT et du colonel Roland MIGNON qui portait le drapeau de la Légion d’Honneur.

                                 

 

Le comité de la Légion d’Honneur de la Drome Provençale a participé à  cette cérémonie commémorative, il était représenté par le lieutenant-colonel Xavier MASSON-REGNAULT, Mme Lucile BROSSET, le colonel Roland MIGNON, le lieutenant-colonel Alain NICOLAS (qui accompagna la cérémonie à la trompette), FRA Jacky, Jean GARCIA maire de Saint Maurice sur Eygues et Jean POUPIN porte drapeau.  

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