Cérémonie du 8 mai 2019

7 mai 2019

Ce mercredi 8 Mai 2019, sous un ciel gris et pluvieux,avait lieu le 74ème anniversaiure de la Victoire de 1945.
Nous représentaient à cette cérémonie, notre Président, le  Général Alain ROCHE, le Président Honoraire, le Commissaire Général Alain GILBERT, le Vice-Président, le Dr André ALLAND, la secrétaire/Trésorière, Mme Monique MARTINEU, le Colonel Gilles MICHEL,le Colonel Pascal DUFOURT,  Mme Claudette GARDETTE,Mr Jean Jacques AYZAC, Mr Thierry CORNILLET, Député Européen,et  Mr André ORDET-BUISSON.

Notre Porte Drapeau était Jean Claude LAUNAIS et Guy LORRAIN portait le drapeau des Médaillés Militaires.

 

 

 

 

 

 

Cette cérémonie a débuté par la remise de la croix de la Légion d'honneur par le Général Alain ROCHE, président du Comité de la SMLH de MONTELIMAR, à Mr Noubar ARAKELIAN pour ses faits de résistance au cours de la dernière guerre.
Nous nous permettons de relater ci-dessous l'éloge prononcé à cette occasion.

Cher Noubar,

Pour ton patriotisme et cette volonté farouche de te battre pour cette France, Terre d'accueil, je suis extrêmement heureux de te distinguer ce jour.

Pour comprendre cette force que tu as, de vouloir vivre libre, de ne pas céder à l'intimidation mais surtout ta soif de justice, je ne peux faire l'impasse sur ton enfance.
Né à Beyrouth au Liban le 10 septembre 1924, dans un camp de réfugiés, élevé par tes parents arméniens ayant fui la Turquie et survécu au génocide perpétré par les Ottomans, tu arrives en France sur un bateau de réfugiés en 1929, il y a 90 ans.

Tu as 15 ans quand éclate la Seconde Guerre Mondiale. Ta vie va à nouveau être bouleversée et tu vas devoir faire des choix, des choix d'homme, tel que le refus de servir l'occupant. Quand la police de Vichy vient te chercher sur ton lieu de travail pour rejoindre le Service de Travail Obligatoire, en quittant Montélimar début 1943, tu penses déjà à ton évasion.
Dès ton départ pour le STO, à la Base de sous-marins de LORIENT, ta conviction était qu'il fallait agir vite car si tu posais le pied en ALLEMAGNE, tu n'en ressortirais pas vivant, toi cet apatride, détenteur d'un passeport Nansen de la Société des Nations, fils d'immigrés arméniens pas encore naturalisé français.

La première chose que tu fais en arrivant au STO de LORIENT c'est de sécuriser tes arrières et d'envoyer une carte postale à ton Père, domicilié à MONTELIMAR, sachant que tu serais activement recherché. Profitant d'un bombardement britannique, tu t'enfuis de Lorient et réussis après plusieurs jours et pas mal de péripéties à rejoindre MONTELIMAR, juste le temps de rassurer ton Père pour lui dire que tu étais vivant. Tu ne dis rien de tes projets afin de le protéger car la Gestapo viendra régulièrement interroger et harceler ton Père, veuf, et ta jeune sœur, afin qu'ils avouent le lieu où tu te cachais.
Du 2 avril au 30 septembre 1943 tu restes caché, « camouflé » en travaillant près d'ici, à SAVASSE dans la ferme de M. Joseph RIBAGNAC dans l'attente de la formation des maquis. Puis tu intègres l'Armée Secrète "AS Drôme", et le 1er octobre 1943  tu es nommé par le lieutenant-colonel MOULIN alias "Viviers", pour prendre tes fonctions dans le groupe de sabotage DAUJAT dans le secteur de MONTELIMAR. Jusqu'au 13 janvier 1944 tu opères autour de MONTELIMAR pour diverses missions de liaison, mais aussi le transport d'armes et de munitions. Pendant toutes ces opérations, tu as utilisé deux identités à l'aide de fausses pièces d'identité fournies par la Résistance.

Tu t'appelles Robert FARJON et Michel VARRAUD, profession cultivateur, ce qui te permettra de ruser, de te battre, de ne pas être pris au piège. Tu es affecté le 14 janvier 1944 au 2ème bataillon Drôme Centre, 5ème Compagnie Corps Francs puis au CP 106 du Groupe Perrin.
Ta connaissance et ton expertise des armes acquises lorsque tu étais apprenti chez l'armurier montilien Brossard  te seront utiles pour mener à bien tes missions de résistant. Tu es nommé aux fonctions d'armurier au maquis Perrin et désormais ton nom de maquis sera "Sako".
Ainsi, tu es affecté le 6 juin 1944 au bataillon "AS – 2ème bataillon Drôme Centre Plateau de COMBOVIN" dans le Vercors sous les ordres du lieutenant PRONGUÉ alias Perrin, chef de maquis.
Le 13 juin 1944, tu fais partie avec le groupe Perrin de l'opération contre les troupes allemandes stationnées à CREST.
Tu participes ensuite à la défense du Vercors pendant l'attaque allemande du 21 juillet 1944 ainsi qu'à l'opération au Passage des Tourettes le 27 juillet 1944.
Enfin, du 25 au 31 août 1944, tu participes aux combats pour la libération de VALENCE au titre des opérations des FFI, les Forces Françaises de l'Intérieur, dans le régiment de la Drôme sous les ordres du lieutenant-colonel LEGRAND.

Pour l'ensemble de ton action, à ce jour, tu es détenteur de la Carte du Combattant, de la Carte du Combattant Volontaire de la Résistance, et de la Carte du Conseil National de la Résistance.

Cher Noubar, comme tu le dis souvent, la seule règle pour survivre était pour toi d'être dans l'action, avec tes camarades maquisards, de toutes origines sociales, de toutes confessions, de toutes idéologies, sans discrimination. Je te cite: « ... nous avancions sans nous poser de questions, il fallait se battre pour libérer la France, nous étions unis, disciplinés, solidaires». Après ta démobilisation, ces valeurs humaines ont continué à guider ta vie et tu t'es fait un devoir de les transmettre et de les partager avec ta famille et toutes les personnes qui t'ont entouré jusqu'à ce jour.

Il faut souligner qu'une forte délégation des Arméniens de Valence avait fait le déplacement pour honorer le nouveau légionnaire.

Mr Franck REYNIER, en tant que Maire de MONTELIMAR a rappelé cette période et le message qu'elle comporte pour les générations actuelles qui n'ont pas connu cette terrible période, et nous reproduisons ci-dessous la teneur de son discours.

« Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres. »
Ces paroles de Jean-Paul Sartre  illustrent bien, je crois, le chapitre de notre histoire donnant lieu à cette cérémonie.Le 8 mai 1945, l'Allemagne nazie capitule, marquant la fin des conflits ayant ravagé l'Europe durant six ans.

Après avoir mis un genou à terre, la France se relève fièrement, pour prendre place à la table de la victoire.La lumière éclaire à nouveau notre pays, chassant les ténèbres de l'humiliation, de la peur et des privations.
C'est à l'automne 1939, sous la Troisième République, que la France s'engage dans ce qui deviendra la Seconde Guerre Mondiale.Une guerre d'un genre bien étrange commence alors pour nos soldats, confiants en leur stratégie défensive, en posture d'attente derrière une ligne Maginot réputée infranchissable.Mais avec l'offensive allemande de 1940, un vent de tempête souffle sur l'échiquier du front, balayant pions et pièces maîtresses sans autre règle que celles des armes.
Puis vint le régime de Vichy et son cortège d'ignominies, couvrant la France d'un manteau de déshonneur, qu'elle porta finalement quatre ans.
Imaginons-nous ces rues sombres soumises au couvre-feu d'un ennemi occupant, scandant de son pas militaire l'hymne de son emprise.
Mais souvenons-nous également qu'au milieu de cette obscurité, quelques lueurs brillaient encore, tapies dans le secret, résistant courageusement à l'envahisseur.
La plus illustre de ces lueurs, décorée des insignes de général, appela, le 18 juin 1940, à « continuer le combat », intimant ses semblables à croire encore en une « France Libre ».
Dès le 18 juin 1940, la République clama ainsi sa volonté de permettre à la France de retrouver sa place au sein des grandes nations, et de porter à nouveau son message universel et humaniste de Liberté, d'Égalité et de Fraternité.
Le Général de Gaulle, Jean Moulin, le Général Leclerc, Antoine de Saint-Exupéry, le Colonel Passy... autant de noms passés à la postérité pour avoir rendu ses lettres de noblesse à la France, autant de héros de l'ombre.
Leur engagement revêt d'autant plus de valeur que leurs actions contrastaient avec le comportement indigne-de bon nombre de leurs compatriotes.
Combien d'innocents ont été lâchement et arbitrairement arrêtés, vendus, sacrifiés pour quelques grâces allemandes éphémères, ou plus terrible encore, par simple cruauté, vengeance, jalousie ?
Des compatriotes ? Méritaient-ils encore ce nom ?
Aujourd'hui, ils trouveraient facilement leurs descendants, auteurs de quelques lignes dans un journal, de deux ou trois mots clandestins rendus publics en quelques clicks, ou de quelques élucubrations affublées de l'étiquette « vérité » pour salir ou détruire.
Soyons vigilants, car -la trahison, les- faux-semblants et les accusations diffamatoires se déguisent parfois sous les traits de visages souriants et familiers.
Face à ceux-là rappelons-nous toujours, qu'en marge du zèle collaborationniste de 1940 et de la froide léthargie des foules, des valeureux résistèrent.

Des femmes et des hommes s'opposèrent avec bravoure, alors même que l'esprit-du moment les incitait à faire le contraire.
Ils formèrent ces discrets bataillons qui, pour reprendre les mots de Joseph KESSEL  « auraient pu se tenir bien tranquilles », mais firent pourtant un choix très différent : celui d'écouter leur conscience.
Ceux-là mêmes parfois, et d'autres encore, ont laissé parler leur compassion à l'égard de ces étoiles jaunes dont la seule faute était d'être juives.
Accomplissant des gestes qui relevaient, pour eux, de l'évidence, ils cachèrent, hébergèrent, recueillirent, nourrirent ou vêtirent ceux que la barbarie nazie, guidée par une haine aveugle, voulait exterminer.
Ils sont appelés « Justes Parmi les Nations ».
Aujourd'hui, nous ne commémorons pas uniquement la victoire des Forces Alliées sur celles de l'Axe.
Aujourd'hui, nous commémorons également la victoire de la bravoure sur la cruauté.
Aujourd'hui, nous commémorons la victoire de la lumière sur les ténèbres.
74 ans après la signature de l'Armistice du 8 mai 1945, nous célébrons aussi l'espoir.
Les femmes et les hommes de 1945 aspiraient à un monde différent, un monde plus juste, un monde plus libre, un monde plus humain.
En  2019, notre devoir, en tant qu'élus, en tant que citoyens, en tant qu'êtres humains, demeure encore de réaliser ces ambitions, au-delà des crises aux dimensions économiques, financières, sociales et politiques.
Existe-t-il, en effet de priorité plus impérieuse que de contribuer à un monde où règne la paix.
Le 8 mai 1945 prenait fin en Europe la guerre la plus meurtrière de l'histoire de l'humanité, au cours de laquelle plus de cinquante millions de femmes et d'hommes, dont la moitié de civils, avaient péri.
Le 8 mai 1945, le Général de Lattre de Tassigny signait, au nom de la France, à Berlin, la capitulation de l'Allemagne nazie, effaçant la défaite de 1940 et l'esprit collaborationniste.
Le 8 mai 1945 fit rayonner la victoire des valeurs humanistes et démocratiques sur une idéologie raciste et criminelle, grâce à ceux qui avaient accepté d'effacer leur destin individuel devant le destin de la France.
Aujourd'hui, le 8 mai 2019, nous venons nous recueillir devant le Monument aux Morts de Montélimar, afin de rendre hommage à ses enfants morts pour la France.
Les leçons de l'histoire sont nombreuses et nous savons bien que la paix n'est pas seulement une affaire politique, mais bel et bien humaine.
La paix est la traduction d'un effort permanent de chacun d'entre nous pour que disparaissent la haine, les conflits et la mort à laquelle ils conduisent.
L'Europe n'a-t-elle pas été construite afin de favoriser l'établissement d'une paix durable ?
Il nous appartient aujourd'hui d'entretenir le flambeau du 8 mai et de le transmettre à notre tour aux futures générations.
La liberté et la paix sont fragiles et toujours susceptibles d'être remises en cause par la folie des hommes.

 

Notre actualité n'est-elle pas régulièrement le théâtre de scènes d'horreur et de désolation ?
En France, en Europe, dans le monde, les attentats se multiplient.

Je le répète, la liberté et la paix sont fragiles. Il appartiendra à notre jeunesse, à son tour, de veiller sur elles.
Plus que jamais, c'est bien dans notre mémoire qu'il faut puiser pour construire notre avenir.
Puisse la lumière du 8 mai 1945 éclairer encore Longtemps notre route vers un avenir de paix et de liberté.
Vive la République. Vive la France.

 

De nombreuses ont été déposées lors de cette cérémonies, et nous avons noté les fleurs déposées par les enfants des écoles et, au nom de la Légion d'Honneur,  une gerbe a été déposée par le Général Alain ROCHE et par le Dr André ALLAND.

 

 

 

 

 

 

 

 

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